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08- DOSSIER LABERTHONNIÈRE. Correspondance et textes (1917-1932)

08- DOSSIER LABERTHONNIÈRE. Correspondance et textes (1917-1932)

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Date d'ajout : mardi 09 mai 2017

par Ren� VOETZEL

POSITIONS LUTHÉRIENNES, janvier 1984, 1

Les ouvrages concernant le Père Lucien Laberthonnière (1860-1932), oratorien, ont été particulièrement nombreux dans les deux dernières décennies. On doit notamment à Mlle Marie-Thérèse Perrin La jeunesse de Laberthonnière, printemps d'une mission prophétique. Le même auteur s'est ensuite appliqué, sous le titre Laberthonnière et ses amis, dossiers de correspondance, 1905-1916, à offrir aux chercheurs, historiens et théologiens une précieuse documentation. L'ouvrage ici recensé est la suite des « dossiers » et concerne la période 1917-1932. Il est présenté de telle sorte que l'on voit reconstituée, d'une certaine façon, une véritable histoire de l'Église et de la papauté - et de l'œcuménisme depuis la fin de la première guerre mondiale jusqu'à la mort de Laberthonnière.
Une « correspondance » est, du point de vue de l'histoire, un document brûlant ; la spontanéité de l'auteur des lettres reproduites écarte les calculs et les arrangements : seul le doigt léger de la présentatrice ordonne quelque peu une documentation qu'une longue patience a pu réunir. Le cadre est chronologique, mais avec parfois des entorses en raison de la personnalité de tel ou tel correspondant et des sujets abordés. Peut-on donner une idée d'ensemble de ce vaste chantier ? Certes, il est une réalité dominante : la condamnation par Rome de Laberthonnière sous-entend bien des passages, et beaucoup de lettres de cet homme, interdit de parole, d'écrit et de soutane, portent la marque de cette situation. L'oratorien se montre, d'ailleurs, bien compréhensif à l'endroit de ceux qui ont subi les mêmes foudres: vers la fin de l'ouvrage, tout un « dossier » Édouard Le Roy (1931) est là comme pour accentuer le malaise qui, depuis les premiers signes du « modernisme » du XIXe siècle, a atteint l'Église romaine. On lira aussi avec sympathie les échanges de lettres entre Laberthonnière et Pierre Guérin, frappé d'interdit en 1925 et qui fut finalement professeur de philosophie au Gymnase Jean-Sturm à Strasbourg. Les rapports épistolaires avec Louis Canet, qui fut un temps sous-directeur des Cultes à Strasbourg puis conseiller technique pour les affaires religieuses au Quai d'Orsay, sont intéressants en particulier en ce qu'ils montrent, en toute clarté, l'attitude du pape Benoît XV pendant la guerre de 1914-1918. « Benoît XV est un agent allemand » et ses procédés sont « bêtement hypocrites : faire croire qu'on désapprouve et ne pas désapprouver ». « II y a quelque chose de pire au monde que le bochisme, c'est le romanisme, exploitation et sabotage direct de l'Évangile. »
Ce que, protestants, nous apprécierons tout spécialement, ce sont les relations entre Laberthonnière et le pasteur Marc Boegner dont les échos sont donnés à divers endroits du recueil. Ces relations, commencées au chevet des grands blessés aveugles de guerre à l'hôpital de Reuilly, sont particulièrement amicales et chaleureuses. Les deux hommes se consultent réciproquement sur des problèmes théologiques - de belles notations par exemple sur la naissance virginale ou le caractère « juridique » inacceptable de la Rédemption - mais surtout posent à eux deux des jalons extrêmement solides pour l'œcuménisme alors en gestation. Un trait savoureux est discrètement rapporté à propos des Conférences de Carême de Notre-Dame qui, dans les années 1924-1927, étaient confiées au Père Sanson. C'est Laberthonnière, interdit de parole et d'écrit, qui rédigeait les prédications ! Évidemment, on ne le savait pas mais Boegner a deviné : « La troisième conférence, écrit-il à Laberthonnière, était tellement imprégnée de votre pensée !… »
Au plan œcuménique, Laberthonnière fut aussi, vers la fin de sa vie, en étroites relations non seulement avec le philosophe orthodoxe Nicolas Berdiaev mais aussi avec les luthériens Mgr Nathan Söderblom et le pasteur danois K.-E. Skydsgaard. Ce dernier écrit à Laberthonnière: « Peut-être il y a ( ... ) une différence entre nous qui vient de cela que nous venons de milieux spirituels tout différents, vous du catholicisme avec son anthropologie harmonique et mitigée, moi du luthéranisme avec sa conception plus pessimiste de l'homme. »
La dernière partie de l'ouvrage reproduit d'une part des lettres très émouvantes de direction spirituelle à des « convertis et à des « incroyants », et d'autre part des extraits de « conférences » données devant un auditoire féminin : « La vérité ne peut s'imposer du dehors ; la seule chose qui puisse s'imposer du dehors c'est une formule, si vraiment elle est quelque chose qui m'est inaccessible dans ce qu'elle exprime, dans ce qu'elle signifie, elle est pour moi une parole vide, et, par conséquent, elle n'est pas la vérité. »
En bref, le « dossier » que voilà est une source très précieuse, non seulement pour l'histoire difficile du « romanisme » ou pour de bonnes avancées œcuméniques, mais aussi pour la réflexion théologique du temps présent. Ne conviendrait-il pas, par exemple, de se situer par rapport à ces sévères remarques : « La libération du Christ n'est ni un rachat, comme celui de l'esclave, une satisfaction (satisfaction vicaire) par substitution, par procuration accordée à une vindicte qui pèserait sur nous, pas davantage le nettoyage d'une souillure - le péché n'est pas comparable à une tache - une tache c'est superficiel, c'est à la surface. Ce que nous appelons le péché, c'est quelque chose qui est en nous ... Pour nous en libérer, il faut une transformation où notre activité ait à intervenir ... »


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