Editions BEAUCHESNE

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08- DOSSIER LABERTHONNIÈRE. Correspondance et textes (1917-1932)

08- DOSSIER LABERTHONNIÈRE. Correspondance et textes (1917-1932)

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Date d'ajout : mardi 09 mai 2017

par Jean MILET

ESPRIT ET VIE, juillet 1985

La question de la « philosophie chrétienne » est à l'ordre du jour. Après les deux études que nous avons signalées antérieurement, voici que paraît un volume consacré à Laberthonnière, un des tenants (à sa manière ... ) de la philosophie chrétienne. Ce volume est un Dossier. On y présente les lettres échangées par Laberthonnière avec ses amis et leurs réponses, ainsi que quelques textes inédits, s'étalant entre 1917 et la date de sa mort en 1932. Ce dossier fait suite à celui qui présentait des correspondances de 1905 à 1916, paru en 1975 chez le même éditeur.
Ce volume intéressera l'historien des idées, plus que le philosophe ou le théologien. On y trouve des annotations d'un grand intérêt concernant les grandes crises qui ont jalonné l'histoire de l'Église, et singulièrement de l'Église entre 1917 et 1932. Citons en particulier : les projets de Paix avancés par le Pape Benoit XV en 1917, et qui furent mal reçus par les Alliés (avec l'intervention fameuse du P. Sertillanges à l'église de La Madeleine) ; le rétablissement du Statut religieux de l'Alsace, en 1919 ; la reprise des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège, après la guerre ; les difficultés nées autour du mandat politique de l'Abbé Lemire ; l'Affaire de l'Action française, naturellement, à partir de 1925. On y trouve aussi, bien sûr, des échos de deux affaires concernant Laberthonnière lui-même : celle de l' « escroquerie intellectuelle », si l'on peut dire, que constitua le fait qu'il s'était purement et simplement substitué au Père Sanson pour la rédaction de ses Sermons de Carême à Notre-Dame (Années 1925-26-27) ; et l'affaire de ses démêlés personnels avec Rome, conduisant à la condamnation de ses principaux ouvrages en 1930, ainsi qu'à l'interdiction de prêcher.
Ce qui piquera l'attention du lecteur, ce sont les interventions de plusieurs personnages qui ont défrayé la chronique pendant l'entre-deux guerres. Ainsi voit-on intervenir : Louis Canet, dont on sait le rôle dans les relations entre Rome et la République française, pendant les années d'après-guerre, alors qu'il exerçait les fonctions de Conseiller du Quai d'Orsay en matière ecclésiastique ; le Pasteur Boegner, déjà soucieux d'œcuménisme ; le philosophe Berdiaev, réfugié en Allemagne, mais déjà très lié avec l'élite intellectuelle française ; Mgr Söderblom, cet Archevêque luthérien suédois, grand animateur des mouvements œcuméniques ; Édouard Le Roy, lui-même en difficulté avec Rome, mais qui devait se désolidariser de Laberthonnière et s'incliner devant Rome en 1931. L'histoire des relations entre Laberthonnière et Maurice Blondel est également passionnante à suivre : commencées dans la confiance et la jubilation, elles devaient s'achever dans l'amertume, par la rupture consommée en 1927.
Il se dégage une impression très « mitigée » de ce Dossier. D'une part, on ne peut qu'admirer la ferveur spirituelle et le zèle apostolique du prêtre éminent que fut Laberthonnière ; mais d'autre part, même avec le recul du temps, on reste très inquiet devant les imprudences (pour ne pas dire les « impudences ») du philosophe, et du théologien. Son souci anxieux de rejoindre à tout prix la pensée moderne le conduit à adopter une attitude de rupture complète avec la pensée traditionnelle. Son ami Berdiaev fait cette constatation désabusée : « Chez lui, la haine de Saint Thomas d'Aquin prenait des formes presque fanatiques, il ne le considérait pas comme chrétien » (p. 134). La formule est peut-être outrancière, mais il est certain que Laberthonnière ne pouvait supporter la philosophie scolastique ; pour lui la vraie philosophie ne commence qu'avec Descartes. Ses relations avec Maritain et le groupe néo-thomiste furent orageuses. Et s'il en est venu à rompre même avec M. Blondel, c'est parce qu'il soupçonne celui-ci de vouloir, avec les années, renouer avec Aristote et Saint Thomas (voir p. 264). Par ailleurs en matière de théologie la pensée de Laberthonnière frôle constamment le modernisme (voir pages 233 à 248). .
Malgré tout, nous recommandons ce livre pour l'exceptionnel intérêt historique qu'il présente.


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