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BAP n°63 MAURICE BLONDEL ET LA QUÊTE DU SENS

BAP n°63 MAURICE BLONDEL ET LA QUÊTE DU SENS

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Date d'ajout : samedi 17 octobre 2015

par J. M.

REVUE : ESPRIT ET VIE n°14

Ce volume se présente comme une somme d'études, qui ont été recueillies par Mme Marie-Jeanne Coutagne. Ces études sont signées de quelques noms connus de la pensée philosophique actuelle : le P. Troisfontaines, François Marty, Xavier Tillette et quelques autres.
Maurice Blondel intéresse toujours. La raison en est que la pensée actuelle est en recherche d'un sens à donner à la pensée et à l'action. Or il est certain que Blondel apporte une réponse originale, lourde de portée, prégnante à la fois de métaphysique et de psychologie. Il est certain qu'une méditation sur l'action (nom de l'ouvrage paru en 1893) reste toujours valable parce qu'elle s'insère dans le cœur même de la conscience humaine.
La première étude, du P. Troisfontaines, confronte la pensée de Blondel avec le « cogito husserlien », tout en établissant un parallèle avec la pensée de Gaston Berger. En fond de tableau, c'est la référence à Husserl qui reste partout présente. Berger (cf. son ouvrage « Le cogito dans la philosophie de Husserl ») reste évidemment plus près de Husserl que ne le sera Blondel. Ce dernier apprécie l'exigence phénoménologique introduite par la « réduction eidétique » husserlienne, mais il récuse la référence à un « JE transcendantal » (p. 7).
Une autre étude met l'accent sur le caractère nettement philosophique de l'apologétique blondelienne : c'est bien de la raison, et de la raison seule que Blondel veut partir pour parvenir à la Foi, mais la base sensible trop étroite (pas d'herméneutique). Mais il fait un usage de la raison de forme très « existencielle », ce qui l'apparente à Maine de Biran et à Ravaisson… au point que l'on est invité à parvenir aux limites de la raison, en prenant en considération l'Action.
Mais ce sont les intimes connexions que Blondel veut établir entre raison et Foi qui retiennent l'attention des intervenants, pour s'en réjouir ou les critiquer. C'est « le lieu de l'apologétique » qui se trouve posé (p. 53). Où le situer ? Dans la raison, dans l'expérience, dans l'action ? Le problème n'est pas vraiment résolu. Blondel reste dans l'ambiguïté : il invoque la raison, mais se laisse entraîner dans le champ de la psychologie. Pour être plus précis, nous pouvons, avec un autre intervenant, faire état de la constante admiration que Blondel a toujours eue pour son « maître vénéré » Ollé-Laprune. C'est retrouver ici l'inspiration pascalienne. Le premier ressort de la pensée philosophique n'est pas l'expérience ou l'idée pure, c'est l'angoisse du cœur humain. C'est aussi de l'inquiétude que partira Blondel, c'est le ressort profond de sa recherche philosophique. Il fait sienne la formule si expressive d'Ollé-Laprune : Il faut « traiter la Vérité comme un vivant ou même comme une Personne qui ne livre son secret qu'à qui le mérite » (p. 95). S'inspirant de ces formules, Blondel prône : un « réalisme intégral de la connaissance » (p. 94).
Au fond, c'est la question de la nature de la Vérité qui est posée par Blondel. François Marty explore à ce sujet les principes de la Lettre sur les exigences de la pensée contemporaine en matière d'apologétique (1896). En un certain sens, l'accès à la Vérité est pour Blondel l'objet d'une « conversion » (p. 166) : la charité en prépare la saisie. Des illustrations diverses nous sont données de cette présentation de la Vérité. Elle a touché bien des cœurs, avant de toucher des esprits (voir l'intervention de Marguerite Léna (p. 109).
Le P. Tillette va au cœur du débat en abordant le sujet : « Blondel et la métaphysique » (p. 119). En fait, Blondel a longtemps tardé à nous introduire à sa métaphysique proprement dite : il faudra attendre trente et quarante ans pour avoir ses positions sur l'Être. Et là, l'intervenant ne le cache pas, nous éprouvons une certaine déception. L'auteur s'obstine à poser les bases d'une « philosophie chrétienne ». Or on sait les ambiguïtés d'une telle formule. Blondel multiplie les efforts pour intégrer le christianisme dans la métaphysique. On va vers un « panchristisme » assez confus (p. 127), ce qui n'exclut pas d'y reconnaître quelques belles pages. Cela permet tout de même de situer Blondel parmi les grands apologistes de la Foi chrétienne qui ne sont succédés de l'antiquité à nos jours (p. 133), même si elle fait sa part, trop grande, à la considération de l'immanence, donc à la subjectivité.
Que penser de tout cela ? Nous ne cacherons pas nos réserves à l'égard de Blondel et surtout du « blondélisme » qu'on a voulu dégager. Chez Blondel on ne sait jamais si l'on évolue dans le champs d'une métaphysique, une métaphysique de l'être s'entend, ou dans le champ de la conscience. Les extrapolations qu'il tire du comportement psychologique pour essayer de s'élever à la métaphysique restent sujettes à caution… surtout pour notre génération qui ne peut faire l'économie de la critique freudienne. Les considérations sur l'Action, sur l'inquiétude humaine… ne sont-elles pas marquées et même mutilées par le jeu des pulsions de l'inconscient. Or Blondel semble ignorer totalement ces observations critiques d'origine freudienne.
Exigeons plus de rigueur. La pensée philosophique ne pourra qu'y gagner.


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