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BAP n°64 PIERRE CHANUT AMI DE DESCARTES. Un diplomate philosophe

BAP n°64 PIERRE CHANUT AMI DE DESCARTES. Un diplomate philosophe

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Date d'ajout : mercredi 11 novembre 2015

par Jean-Pierre CAVAILL�

REVUE : REVUE PHILOSOPHIQUE, 4, 2002

Le nom de Pierre Chanut, ambassadeur à la cour de Christine de Suède, est aujourd'hui attaché à celui de Descartes, dont il fut le correspondant et l'ami, servant d'intermédiaire pour son établissement en Suède, et l'assistant dans ses derniers moments à Stockholm. Mais il fut surtout connu, de son vivant et surtout après sa mort, comme une figure modèle de diplomate : « L'un des plus grands politiques et des plus honnêtes hommes de notre siècle », ainsi que le décrit Linage de Vauciennes dans un gros ouvrage présentant ses dépêches suédoises (1677, voir également Wicquefort). Grand politique honnête homme, mais aussi « philosophe chrétien », dit Linage. Sans le qualificatif, pourtant amplement mérité (Chanut semble en effet avoir été assez dévot), le mot apparaît souvent dans la bouche des contemporains. Lui-même écrit : « Je me sens une créature en qui se trouvent plusieurs lumières, et un raisonnement pour les mettre en usage, tant pour me connaître, et tout ce qui est hors de moi, que pour me conduire dans les actions de ma vie » (lettre à M. de la Barde, très antijanséniste, publiée en annexe). Ce qualificatif de philosophe pour un homme qui n'est pas un auteur, mais un lettré en relation avec l'Europe savante, occupé avant tout dans les grands emplois, mériterait une analyse sérieuse et circonstanciée. D'autant plus qu'en effet il défend lui-même, en des termes proches de Descartes, un idéal de vie philosophique (« le désir d'une vie privée et paisible [ … ] préférable au tumulte des emplois », etc.). Mais l'ouvrage n'apporte guère d'éléments d'analyse : tout au plus nous est-il dit qu'il fut « un praticien de la philosophie, au sens où il avait l'esprit et l'habitude de philosopher dans les circonstances diverses d'une vie professionnelle qui ne lui laissait pas le loisir d'élaborer des analyses suivies et méthodiques » (p. 224).
Osons le dire : le livre est une lénifiante hagiographie. Chanut est décrit comme un parfait « représentant de la diplomatie de l'esprit, suivant l'expression de Marc Fumaroli, et comme le premier ambassadeur à exercer ce que nous désignons aujourd'hui comme "la diplomatie culturelle", qui traduit l'esprit de la diplomatie » (p. 73) : « Il sut rendre attrayante la France mère des arts, des arm es et des lois » (p. 165 et 194). Ainsi, malgré l'abondance d'informations, prises dans des propos que l'on souhaiterait d'un autre temps, on apprend fort peu sur sa figure intellectuelle (sinon que, pour son souci d'accorder la raison avec la foi, Chanut ferait office avec Mersenne de précurseur de Teilhard de Chardin) et l'ouvrage n'apporte aucune vue sérieuse sur la figure sociale de l'ambassadeur érudit, partagé entre le service d'État et des aspirations intellectuelles. Le même qui écrit à Brisacier, premier commis de Brienne : « Considérez, Monsieur, que je suis une statue que vous formez », lui dit aussi une autre fois : « Jugez, Monsieur, ce que vous répondrait un forçat, si vous vous réjouissiez avec lui que sa chaîne serait d'une bonne et louable matière. » On ne trouve rien non plus sur les spécificités et les attendus de l'art de la correspondance diplomatique, où Chanut excellait. De même, le très intéressant projet de la Compagnie des îles (« après les longues paix, écrit notamment Chanut, il est nécessaire que les grands États aient des lieux de décharge où envoyer la surcroissance du peuple que le pays ne peut plus porter ») est-il gentiment nommé une « ouverture à l'émigration » (p. 199). Enfin, les citations sont parfois suspectes : ainsi de « la maxime » selon laquelle « il y a du mérite à faire voir des vertus cachées » ; quand on se reporte au texte en annexe (préface aux Panégyriques de Rangouze), point de maxime mais un trait d'éloge :« Vous avez [ … ] fait voir des vertus cachées. » Mais une chose cependant paraît suffisamment, et il faut en remercier l'auteur : Pierre Chanut mériterait de faire l'objet d'une grande thèse.


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