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BIBLE DE TOUS LES TEMPS - La collection complète (volumes 1 à 8)

BIBLE DE TOUS LES TEMPS - La collection complète (volumes 1 à 8)

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Date d'ajout : mardi 12 septembre 2017

par Pierre CHAUNU

LE FIGARO 17, 18 Août 1985

RELIRE LA BIBLE
La Bible est le « best-seller », et de loin de l’édition. Le plus lu, le plus traduit, parlé, mémorisé, illustré, représenté, mimé des livres est au cœur de la vie religieuse, des conflits, de la culture, de la politique, de la guerre et de la paix, d’un homme sur quatre, ayant vécu depuis deux mille cinq cents ans.
Pour savant qu'il puisse paraître au profane, le grand projet des éditions Beauchesne est, en fait, bien modeste, quant à l'ampleur du sujet. Deux volumes sur sept viennent de paraître. Les collaborateurs de haut niveau (vingt pour le tome l, vingt-quatre pour le tome IV) ont fui l'érudition en trompe l'œil. Chacun dans son domaine parle de ce qu'il domine simplement, fortement. Ces volumes simples, denses, riches, compétents sont faciles d'accès et dignes d'une large audience. Peut-être ne couvrent-ils pas la la totalité du sujet. Le tome 1 est plutôt un recueil d'excellents articles, les responsables du tome IV ont fait effort pour une coulée plus homogène.
La Bible de tous les temps nous offre une Bible chrétienne, en dépit de l'excellente et unique Exégèse rabbinique (T. IV, pp. 233-260) d'Arieh Graboïs, il s'en suit que les auteurs commencent, avec la Septante, la Bible traduite en grec du canon d'Alexandrie et laissent de côté le difficile problème de la formation du canon hébraïque. Il eût, à lui seul, requis plusieurs volumes.
Ne pas désespérer
L'Ancien Testament en grec a bien été, jusqu'à et même après Saint-Jérôme, la Bible chrétienne par excellence, un canon hébraïque traduit donc, et déjà interprété. Le christianisme des premiers siècles serait-il dans la ligne d'un judaïsme déjà libéral de la diaspora ? C'est un peu ce sont la Bible à la naissance de l'Église (Jacques Guillet), la Bible dans l'enseignement et la liturgie des premières communautés chrétiennes (Willy Rordorf), mais les auteurs sont honnêtes. Il leur arrive de reconnaître les imprudences et les contre-vérités de l'hypercritique.
Voyez la Septante, elle retrouve un peu de ce qu'impliquait la lettre d'Aristée. Elle retrouve sa vraie date de naissance, tôt au IIIe siècle, de même que la rédaction des Évangiles se rapproche du Christ. Dans les phrases entortillées (p. 67) du père Guillet, même ceux qui croient à la divinité du Christ trouveront leur bonheur. Ne pas désespérer, la page de l'apostasie claironnante est discrètement tournée. Tout au plus le lecteur sera-t-il un peu surpris de trouver sous la plume de Ch. Kannengiesser un texte plus favorable à Arius qu'à Athènase et au tome IV sous la plume de Lester K. Little (monnaie, commerce et population) sur la crainte de la surpopulation et l'insuffisante compréhension de l'Église, un texte qui projette, au XIVe siècle, les thèmes et les hantises des « lobbies » néo-malthusiens qui essaient depuis Humanae Vitae (1968) d'entraver l'action pontificale.
Le reste n'appelle aucune réserve.
Une montagne de commentaires
La Bible n'est pas seulement représentée, elle est commentée. Une première famille de commentaires quasi obligatoire part, au VIe siècle, de l'Église grecque de Palestine, et forme une de ces « chaînes » qui se prolongent jusqu'au mont Athos et en Italie dans la diaspora byzantine au XVIe siècle.

Il fallait que le Canon fût solide pour avoir traversé l'énorme collapsus de l'écriture et la faille de l’"accès" à l'écrit dans le monde latin du VIe au VIIIe siècle. Avant le XIe siècle, la réunion des soixante-douze livres est un luxe presque inaccessible.
Pierre Petitmengin a fait le point à partir des inventaires des bibliothèques médiévales.
On ne dira jamais' assez l'étendue de ces deux plages : le relais de la copie carolingienne, l'époque d'Alcuin et des Anglais et le tournant modernisateur du XIIe siècle. La majorité des grandes Bibles latines complètes, somptueux objets, dont, la taille varie entre 48 cm par 32 cm, et 27 cm par 18 cm, sont, du XIIIe siècle.
C'est également au XIIe siècle qu'une exégèse (les quatre sens de l'Écriture de l'Exégèse médiévale du père Henri de Lubac, Aubier, quatre volumes), de plus en plus intellectuelle, philosophique, libre, prend son essor. Au point qu'on séparera de moins en moins la Sacra Pagina d'une glose obligatoire, dont l'étonnant succès du Livre des Sentences, de Pierre Lombard est point d'aboutissement, et point de départ de la scolastique en majesté.
Tandis que la Bible par l'homélie en langue vulgaire, par le commentaire graphique et verbal, nourrit la piété populaire, après avoir alimenté la prière monastique, tandis que la Bible (priorité à l'Angleterre), s'aventure sur le terrain mouvant de la difficile traduction en ces langues vulgaires encore mal fixées, qui glissent comme le sable dans la main, la Bible s'enfonce, dans le système universitaire, sous une montagne de commentaires.
La Réforme doit autant au Sola Fide qu'au Sola Scriptura, mais le retour à la lettre par le court-circuit de la lecture critique de Laurent Valla à Érasme a, bien plus que la petite Amérique, contribué pour le pire et le meilleur, à déstabiliser la chrétienté et à la moderniser en Europe.


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