REVUE : ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS, 1984, 57

Un religieux prémontré, né en 1757, nourri des Lumières, chargé de la paroisse de Boquého en Bretagne, accueille la Révolution française avec une satisfaction qui lui vaut d'être élu maire de sa commune. Mais parce qu'il refuse le serment à la constitution civile du clergé en 1791, il se trouve bientôt contraint à l'exil, d'abord en Angleterre, puis aux Pays-Bas et de plus en plus loin vers l'Est à mesure qu'il lui faut fuir l'avance des armées révolutionnaires. Il va ainsi jusqu'en Silésie, d'où il revient après le Concordat de 1801.
Pour une chanoinesse de son ordre rencontrée en exil, il a accepté de mettre par écrit, sous la forme de lettres fictives, le récit de ses pérégrinations. Cela nous vaut un document intéressant à un triple point de vue: observations sur les pays et les populations rencontrées, description des milieux émigrés français, témoignage sur la religion d'un clerc qu'on peut ranger sans aucun doute dans le courant d'Aufklarung catholique mis en évidence par Bernard Plongeron. Le Sage mourra chanoine de Saint-Brieuc en 1832. Les cartes annexées sont précieuses, mais on regrette que le texte du prémontré-chanoine ait été allégé de « quelques coupures » (p. 47) dont l'ampleur déconcerte parfois (« coupure de quarante-deux pages », p.53).