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TH n°115 UNE CHAIR POUR LA GLOIRE. L'ANTHROPOLOGIE RÉALISTE ET MYSTIQUE DE TERTULLIEN

TH n°115 UNE CHAIR POUR LA GLOIRE. L\'ANTHROPOLOGIE RÉALISTE ET MYSTIQUE DE TERTULLIEN

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Date d'ajout : mercredi 07 octobre 2015

par Jean-Marie AUWERS

REVUE : REVUE D'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE, janvier 2004

« La chair est la charnière du salut », « elle est réalité de Dieu », écrit Tertullien (De Resurreclione, 8,2: caro salutis est cardo; ibid. 9,1: Haecine non resurget, totiens Dei res ?). Ces affirmations suffisent à indiquer la place capitale qu'occupe la chair dans l'anthropologie de TERTULLIEN. Après la publication de plusieurs grands travaux sur la conception de Dieu chez TERTULLIEN ou sur sa théologie trinitaire, voici que viennent de paraître coup sur coup deux études importantes, issues de dissertations doctorales (présentées respectivement à l'Augustinianum sous la direction d'A. Aranda et à Paris X-Nanterre sous celle d'Y.-M. Duval), qui veulent présenter sa vision de l'homme. […]
L'ouvrage de J. A. se veut plus ambitieux. Non seulement il envisage l'ensemble de la production littéraire de TERTULLIEN, mais il cherche à montrer (au risque, peut-être, de la forcer) l'unité de sa pensée. Il s'emploie à faire voir, entre autres choses, comment « chez TERTULLIEN, la christologie, la sotériologie, l'ecclésiologie même ne sauraient être considérées indépendamment d'une théologie de la création qui, non seulement les précède, mais qui les autorise et les valide » (p. 186). L'ouvrage est organisé en quatre parties. La première présente l'orientation générale de la pensée de TERTULLIEN, dont le caractère le plus marqué est le souci permanent de rationalité, au service d'une conception foncièrement réaliste de J'existant et de la vérité. Ce réalisme, qui doit à l'influence du stoïcisme sans s'y ramener pour autant, s'affirme comme une pensée personnelle, entièrement réfléchie et assumée jusque dans ses plus profondes conséquences. L'intérêt que TERTULLIEN porte à la chair tout au long de son œuvre ne s'explique que par J'étroite corrélation qui occupe la réflexion de TERTULLIEN entre ce qui est et ce qui est réel. L'A. offre, au passage, une étude originale des relations, chez TERTULLIEN, entre la conception générale de l'Écriture, l'interprétation particulière de certains textes et sa conception du langage (p. 84-98). La deuxième partie montre l'importance qu'attache TERTULLIEN à défendre l'identité du Dieu vrai, garant de la vérité, et du Créateur de la chair de l'homme, qu'il aime au point de s'incarner en son Fils et de promettre tout homme à la Résurrection, chair et âme. Car Dieu a créé l'homme non seulement en tant qu'être doué de raison et doté d'une âme proche de sa divinité, mais aussi comme être de chair. On trouve ici une analyse détaillée de l'interprétation (en fait, un peu décousue) que TERTULLIEN propose du récit de la création de l'homme et de la femme « à l'image et à la ressemblance » de Dieu (Gn 1,26-27). La troisième partie étudie, en particulier à partir du De anima, pourquoi et comment TERTULLIEN prend en compte avec une telle insistance la chair de l'homme, qui semble une pierre d'achoppement philosophique, théologique et moral pour les chrétiens eux-mêmes, comment il conçoit l'âme, son fonctionnement propre, son lien à la chair, son rôle et sa place dans la condition humaine. TERTULLIEN est ici confronté à ses sources (en particulier S. Paul) et à ses adversaires (les gnostiques). Or, si la solidarité de l'âme et de la chair s'impose aux yeux du Carthaginois, s'impose d'autant plus la nécessité de leur différence, dans le but d'affermir l'objectivité de l'homme de chair, faute de quoi l'objectivité de son Créateur serait à son tour compromise. C'est ce que montre la quatrième partie de l'ouvrage, qui établit le lien paradoxal entre l'âme et la chair, et entre ce monde et l'autre monde, c.-à-d. leur nécessaire cohésion qui n'interdit pas leur nette opposition. Le dualisme de TERTULLIEN répond au besoin d'intégrer dans l'ensemble unique que forme la raison divine l'univers des réalités matérielles et celui des réalités spirituelles. Ce dualisme signifie l'inclusion des deux réalités dans le même cercle de la conciliation divine. Au terme de son étude, J. A. résume les propriétés fondamentales de la chair, selon TERTULLIEN : la chair est tout à la fois réelle, créée, animée et sauvée, « La chair est sauvée parce qu'elle est sœur de l'âme, créée avec elle dans l'unité vivante que constitue l'homme. La chair ne peut avoir été créée et sauvée que parce qu'elle est une réalité à part entière » (p. 513).
À travers ces deux ouvrages, on voit combien TERTULLIEN, en même temps qu'il défend l'authenticité de la chair du Christ, valorise un composant de J'être humain qui, à son époque, était le plus souvent rabaissé ou méprisé par les philosophes païens et par les divers courants gnostiques. À ses yeux, la chair est non seulement ce qui caractérise la condition de J'homme, mais plus encore ce qui témoigne de la solidité du projet de Dieu créateur de l'homme. Réalité énigmatique autant qu'évidente, la chair rend obligatoire d'en rapporter la raison d'être au Dieu qui s'impose à la fois comme le Tout-Puissant, capable d'agir au-delà de ce que la sagesse humaine peut admettre, et comme le Dieu vrai, garant de toute vérité. « De cette pensée philosophique, théologique, autant que mystique, qui demeure un cas unique dans l'histoire de la pensée chrétienne, la chair n'est pas une composante parmi d'autres ; elle est une pièce maîtresse. Elle est aussi son principal défi, défi d'une véritable prise au sérieux du réel, qui n'a probablement rien perdu de son acuité » (J. A., p. 526-527).


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