HORTUS ARTIUM MEDIEVALIUM 14 (2008)


Cet ouvrage constitue sur la question des reliques une synthèse attendue, après les nombreux travaux de l'auteur sur ce problème. Ce livre, après une préface de J.-Cl. Schmitt et une introduction, se compose de cinq grandes parties:
- Reliques et intérêt collectif
- Le modèle byzantin
- Les reliques dans la sacralisation et la légitimation du pouvoir royal en Occident
- Les reliques, marqueurs du pouvoir territorial
- Les reliques dans la représentation et la mise en scène
du pouvoir
Une bibliographie ainsi qu'une table des figures et un index des noms et des lieux complètent l'étude, illustrée de onze reproductions, malheureusement en noir et blanc.
Cet ouvrage constitue une nouvelle approche de ce problème fondamental après celle déjà ancienne de N. Herrmann-Mascard ou les nombreux colloques sur les fonctions des saints et l'hagiographie (dans lesquels l'auteur s'est beaucoup impliqué) et les expositions réalisées à travers l'Europe sur les trésors d'église dont beaucoup étaient organisés autour de reliques.
Comme on peut le remarquer, aucun espace n'a donc échappé à la sagacité de l'auteur qui explore les différentes fonctions des reliques aussi bien en Orient qu'en Occident, ce qui ne peut que satisfaire la curiosité du lecteur en raison des importants transferts entre ces deux zones au cours du Moyen Age. E. Bozoky étudie les textes (légendes, chroniques, descriptions de trésors) et les images et réalise une analyse sur le sens qu'on leur attribue comme facteurs de paix et de régulation tant interne qu'externe. Ceci justifie la fois le morcellement et la volonté de contrôle exercée aussi bien par les princes que par les évêques, ainsi certains d'entre eux vont se constituer de véritables collections. L'auteur attache beaucoup d'intérêt d'abord aux individus vecteurs de ce « jeu » des reliques (souvent des femmes) ainsi qu'aux gestes et rituels (la symbolique du porter des reliques). Comme le souligne fort justement E. Bozoky, nombre de ces épisodes ne sont connus que par des sources tardives qui mériteraient d'être réexaminées lors d'une nouvelle approche. La relique, par la virtus dont elle est chargée est vraiment l'élément-clé de la vie politique et religieuse de la période médiévale, elle transmute les individus qui l'approchent. Voici la base d'une enquête qui ainsi que le souligne l'auteur devra être poursuivie dans une perspective géographique plus vaste et selon des champs sémantiques différents. Et c'est une perspective très enthousiasmante à la hauteur de cette étude.