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06. LE DIEU EXCENTRÉ. Essai sur l'affirmation de Dieu

06. LE DIEU EXCENTRÉ. Essai sur l\'affirmation de Dieu

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Date d'ajout : mardi 02 mai 2017

par Yves LABBE

REVUE DES SCIENCES RELIGIEUSES, 2004, 1

Philosophe, spécialiste de Spinoza et professeur au Centre Sèvres, le jésuite H. Laux met en cause ceux, nombreux, qui continuent à opposer, souvent sans retenue, le Dieu des chrétiens à toute autre affirmation de Dieu : « Il n'y a pas à exclure la présence de Dieu dans les traditions les plus conceptuelles » (p. 8). Mais l'auteur ne cite aucun « adversaire ». Il se tient à présenter sobrement et soigneusement une position originale sur l'affirmation de Dieu ou peut-être sur ses conditions. Cette dernière réserve introduit déjà une discussion. Le Dieu excentré, c'est «Dieu en sortie de soi» (p. 2) en toute réponse humaine qui s'engage à le nommer sous un mode à la fois éthique, critique et mystique.
Les deux premiers chapitres s'arrêtent donc sur le jugement et la nomination dans l'acte de dire Dieu. Cet acte est toujours réponse à Dieu, qui attend l'homme, en paroles et en œuvres d'homme. Le jugement structure le discours en l'achevant Après avoir pesé ses raisons ou arguments, « paroles dans un débat» (p. 30), « une conviction pose une détermination qui a valeur d'engagement» (p. 34). Mais que le discours de raison réalise une exigence à l'égard de soi-même n'entraîne pas les questions du sens et de Dieu à se confondre. Seul Dieu présente un nom qui autorise à dire « Mon Dieu ». En retour, le terme qui le nomme, « plus grand que soi », ne diffère pas du chemin qui y conduit. Théologique ou philosophique, le nom de Dieu se détermine à la croisée d'une histoire et d'une liberté, d'un donné et d'un désir. C'est à un carrefour de chemins que s'éveille le nom de Dieu ou que Dieu suscite son nom. « Dans cette expérience d'humanité, écrit Laux, où il n'y a de liberté que dans la reconnaissance de mon ouverture à ce que je ne suis pas, il est possible en raison - sans violence, sans effraction de la conscience - de dire que pour moi -car c'est d'un moi qu'il s'agit toujours ici - il y a Principe - ou plus grand que soi - et que ce Principe s'appelle Dieu » (p. 51).
Les trois chapitres suivants explorent trois dimensions de la reconnaissance de « plus grand que soi ». Celle-ci se retrouve d'abord dans le caractère absolu du principe de l'agir, là où l'obligation se confirme en donation. Elle se trouve ensuite exposée à la critique philosophique, qui l'empêche de se fermer sur elle-même, également à l'épreuve du mal, qui lui ouvre la « promesse d'un réel encore à venir » (p. 100). Elle s'ouvre enfin à la mystique, ce « secret engendrement de la parole libre » qui, « à égale distance de la foi et de la philosophie » (p. 106), apparaît seule en capacité de les réconcilier, écartant définitivement toute tentation dualiste. Alors que « plus grand que soi » pourrait rappeler au théologien chrétien la mise en cause du Dieu au-dessus de nous, l'auteur revient sur la proximité de Dieu, inséparable de son attente. Plutôt que plénitude sa perfection est excentrement. « A l'extrême de son attente, Dieu attend qu'un nom chaque jour plus intime lui soit donné : le nom de la plus grande proximité, engendré dans l'histoire de telle liberté. » (p. 128) .
Quelles que soient ses interrogations sur ce livre, qui ne souhaiterait en être l'auteur ? On y découvre une écriture autant qu'une pensée : mieux que brillante, lumineuse. En saluer l'originalité n'interdit pourtant pas d'y percevoir une filiation. Les recours à E. Weil et à P.-J. Labarrière, les références à Jean de la Croix et à J.-J. Surin indiquent une provenance. Celle-ci se précise dans l'insistance mise sur l'identité, médiatisée, de la raison et de la liberté, du chemin et du terme, surtout de la philosophie et de la foi, lorsque leur médiation passe par la mystique, le tiers-terme qui unit les deux, les affranchit du dualisme. En cet ouvrage philosophique, il appartient à la philosophie, sans doute à elle seule, de signifier son rapport à l'autre, la foi. S'il faut l'entendre, l'écouter même, avant de le discuter, je ne puis cacher soutenir une approche différente de l'affirmation de Dieu en philosophie. Celle-ci se laisse solliciter par la foi chrétienne et accède à une détermination moins formelle que « plus grand que soi ». Bien que je reste interrogé par la modestie de la démarche, quant à ce qui est dit de Dieu, je continue à me demander si le terme n'est pas absorbé par le chemin. L'affirmation de Dieu ne s'efface-t-elle pas dans les conditions de son discours ?


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