NOUVELLE REVUE THÉOLOGIQUE, mars 1991

Entré jeune dans la Compagnie de Jésus, exilé de France en 1764, sécularisé en 1773 par la suppression de l'Ordre, précepteur de princes, directeur du Journal ecclésiastique (1788-1792), émigré à Londres, rentré à Paris en 1802 et militant pour l'acceptation du Concordat, redevenu jésuite en 1815, B. a longtemps exercé un large rayonnement par ses ouvrages, dont certains eurent plusieurs éditions et des traductions en quatre ou cinq langues. Esprit très cultivé, écrivain brillant, historien consciencieux mais simplificateur, apologiste au ton Volontiers polémique, il a publié entre autres des "Provinciales philosophiques" contre la pensée de l'Encyclopédie, une Collection des documents du pape et des évêques concernant la Constitution civile du clergé, l'Histoire du clergé pendant la Révolution française et des Mémoires pour servir à l'histoire du Jacobinisme, les Jacobins y apparaissent comme exécuteurs de desseins antireligieux et subversifs de l'ordre politique formés par les philosophes rationalistes et les illuminés de Bavière, repris et promus par les « arrière-loges » maçonniques (ce qui ne met pas en cause la Franc-Maçonnerie comme telle, qui compte tant d'adeptes honnêtes et religieux).
Mettant à profit une précieuse documentation inédite, le P. Riquet reconstitue la carrière mouvementée de B. et analyse ses écrits. Fort de sa connaissance de l'histoire de la Franc-Maçonnerie, il fait la part, dans l'œuvre de B., des positions solides et celle d'hypothèses aventureuses. Cette attachante étude est complétée par une bibliographie, un index des noms propres et la reproduction d'un texte inédit : l'Histoire de l'Illuminisme (d'origine bavaroise) rédigée pour B. par son correspondant le Dr. Starck.