Editions BEAUCHESNE

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14. LÉOPOLD SÉDAR SENGHOR

14. LÉOPOLD SÉDAR SENGHOR

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Date d'ajout : jeudi 05 novembre 2015

par Pierre Albin MARTEL

Encore une biographie de Senghor, dira-t-on. Oui, il y en a eu et il y en aura encore. Celle-ci paraît sans précipitation. Son auteur a approché l'ancien président du Sénégal en qualité de journaliste, puisqu'il fut directeur d'Afrique nouvelle, hebdomadaire chrétien imprimé à Dakar ; en qualité aussi de prêtre : Joseph Roger de Benoist est missionnaire d'Afrique, autrement dit père blanc. La biographie dit l'essentiel avec sobriété. Elle ne tient d'ailleurs que moins des deux tiers de l'ouvrage.
Conformément au modèle de la collection « Politiques & Chrétiens », le parcours de l'auteur est complété par un choix de textes du poète et, ici, par un témoignage de Cheikh Hamidou Kane. Bien entendu, le choix opéré, comme le regard du romancier de L'Aventure ambiguë, sont centrés sur l'homme et la religion, le christianisme, très précisément le catholicisme, car on apprend que le jeune Sérère, qui a fait ses classes primaires et en partie secondaires en petit séminaire et collège spiritains, fut tenté par la prêtrise. Un brave homme de supérieur, néanmoins « colonialiste », l'a fait opportunément bifurquer vers le lycée français.
On connaît la suite. Il reste, chez Senghor, d'une éducation reçue « de curés bretons, alsaciens et normands » et d'une « assimilation » personnelle - « Assimiler, non être assimilé » -, renforcée plus tard par la découverte de Teilhard de Chardin, que « c'est en "Nègre", mais en Nègre qui a rencontré le Christ, qu'il a été vers les Blancs et les a appelés ses frères. C'est dire que sa quête initiatique s'est engagée sur un appel à la fraternité humaine. »
Et s'il n'a guère cessé de confesser son catholicisme, c'est au sens étymologique d'universalisme, pas au nom d'une église exclusiviste. Aussi bien son camarade Georges Pompidou n'aura-t-il pas de peine à le convertir en 1936 au socialisme, qui, à cette époque, semble répondre aux aspirations de l'un comme de l'autre. Aussi bien Senghor pourra-t-il proclamer en lettres majuscules « MARTIN LUTHER KING LE ROI DE LA PAIX ».
Le christianisme de Senghor ne peut qu'être imprégné de « négritude » comme celui du cher et regretté Alioune Diop, le fondateur de Présence africaine.
Dans les textes choisis par Benoist, nous retrouvons des extraits d'ouvrages collectifs comme L'Homme de couleur (Plon, 1939) ou La Communauté impériale française (Alsatia, 1945), que l'on ne trouve plus en librairie. Dans le premier, il affirme : « Le Nègre est monothéiste aussi loin que l'on remonte dans son histoire. » À l'image du Jacques Maritain de L'Humanisme intégral, i! s'agit, dit-il, de « concentrer le monde en l'homme » et de « dilater l'homme au monde… À quoi répond le Nègre en négrifiant Dieu, en faisant participer l'homme - qu'il ne déifie pas - au monde surnaturel. »
Cheikh Hamidou Kane, Peul musulman, est lui aussi sensible au rapport religion-négritude. Il cite le Senghor de 1945 : « Le rôle du catholicisme est de dégager plus nettement la personne de la famille et Dieu des génies et des Ancêtres : c'est de donner une unité plus consciente à des sentiments d'autant plus forts qu'ils sont plus mêlés, un caractère universel à la religion familiale et "nationale". » Point de vue explicité en 1988 quand le poète écrit que pour l'Africain « verticalement, l'homme est enraciné dans son lignage jusqu'à l'Ancêtre primordial. Horizontalement, il est lié à la société des hommes : à son groupe, à ses groupes, et par-delà, au cosmos. »
Le Peul assure qu'il n'est pas un négro-musulman orthodoxe qui penserait différemment. Mais, se demande-t-il, le poète sérère [il écrit « sereer »] est-il un catholique vraiment orthodoxe ? Qu'importe, puisque les deux écrivains sont assurés de se retrouver, dit Kane, sur deux points fondamentaux : « D'une part, notre commune aspiration à une humanité réconciliée, à ce que Senghor appelle la "convergence pan-humaine", et Édouard Glissant le "Tout-Monde", d'autre part à la relation à Dieu. »
Si la religion est pour l'homme plus que l'homme pour la religion, pourquoi ne pas saluer et accueillir joyeusement toute culture qui humanise la religion et, après tout, le Dieu unique, au lieu de pervertir et déshumaniser l'une au nom de l'Autre ?


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