BULLETIN DES LETTRES, 507, juin 1991

Ce recueil de seize contributions est tout à fait digne des douze volumes qui l'ont précédé dans la collection Philosophie émanant de la Faculté de philosophie de l'Institut Catholique de Paris.
La philosophie de la religion qui pose le triple problème de l'essence du phénomène religieux, du devenir historique des religions et de la vérité de la religion telle qu'elle découle d'une investigation rationnelle, ne bénéficie pas, comme le signale Jean Greisch dans sa préface, d'un statut très honorable. Souvent condamnée ou pour le moins traitée avec suspicion à la fois par les philosophes « purs » et par les théologiens, elle exerce son activité d'une manière parfois presque clandestine, voire honteuse. Il faut donc la réhabiliter et l'on doit admettre que cette tentative est ici justifiée par des arguments convaincants.
Pour ma part, plutôt que des analyses plus personnelles, portant sur de vastes thèmes et donc forcément un peu survolantes et superficielles, j'ai préféré les études fermement appuyées sur l'interprétation d'un auteur représentatif. Ainsi, la présentation d'un très curieux texte de Raymond Lulle (Michel Senellart), le résumé de De vera religione de saint Augustin (Goulven Madec), l'exposé de la théologie métaphysique et mystique de Maître Eckhart (Pierre Gire), l'éthique selon Simone Weil (Alfredo Gomez-Muller), la position du problème du langage religieux à partir de Wittgenstein (Jean Greisch).
Mais ce sont des choix purement personnels. Car en vérité tout ce qui concerne les relations entre la philosophie et la théologie est de première importance. Ce livre fournit des éléments de poids pour un débat indispensable.