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BIBLE DE TOUS LES TEMPS N°5- LE TEMPS DES RÉFORMES ET LA BIBLE

BIBLE DE TOUS LES TEMPS N°5- LE TEMPS DES RÉFORMES ET LA BIBLE

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Date d'ajout : mardi 22 août 2017

par M. ARNOLD

REVUE D'HISTOIRE ET DE PHILOSOPHIE RELIGIEUSES

Attendu depuis quelque temps, le volume 5 de la BIT, dont la direction a été confiée aux éminents historiens du livre que sont G. Bedouelle et B. Roussel, comblera assurément les espérances de tous les seiziémistes.
Ce gros ouvrage, qui couvre la période allant de la seconde moitié du XVe s. à la fin du XVIe s., se compose de deux grandes parties : la première, rédigée essentiellement par G.B. et B.R., se veut « chronologique et thématique », la seconde, à laquelle ont collaboré huit spécialistes, « thématique ».
La première partie traite des moyens d'accès à la Bible et de ses diverses lectures.
G. Bedouelle montre que jusqu'au début du XVIe s., cet accès se faisait essentiellement - et de manière assez imparfaite -, pour le fidèle, par le biais de la liturgie et de la prédication. Si l'essor dé l'imprimerie permit la diffusion de la Bible, celle-ci restait toutefois un objet rare et cher, et ne présentant pas le texte « nu ». Alors que la sève de la doctrine des quatre sens était épuisée, les humanistes, par des interrogations nouvelles, la réalisation d'instruments de travail et le recours à des méthodes novatrices, ravivèrent les études bibliques et en transformèrent l'herméneutique.
B. Roussel, par une approche différente, examine la période 1530-1600.
Après l'étude de la présentation du texte biblique, il aborde successivement « Des livres », « Des auteurs » (de Luther et le 'groupe de Wittenberg' à Matthias Flacius Illyricus, en passant par l"école rhénane d'exégèse' - cf. son article sur ce sujet dans les colonnes de cette revue, 1988/1, pp. 19-39 - et la génération de Calvin), et, plus brièvement, « Des lecteurs ». L'étonnante richesse du matériau exposé, mais aussi le style parfois elliptique de l'a. et... le changement constant des caractères typographiques font que cette section se prête plus à la consultation qu'à la lecture suivie. On appréciera les « notes complémentaires » : « Quelques listes et définitions des Apocryphes », pp. 152-6, « Choix d'introductions à la Bible », pp. 192s, etc.
Une troisième section est consacrée à la manière dont on a, dans différentes traditions, compris et mis en œuvre le principe de l'autorité de l'Écriture. B. Roussel examine la manière dont les grands ensembles confessionnels protestants, face aux lectures anabaptiste ou spiritualiste, se sont dotés de documents symboliques pour régler leur interprétation de la Bible. G. Bedouelle s'intéresse ensuite aux discussions du Concile de Trente et aux instruments ainsi qu'aux mesures concrètes de la Réforme catholique. Dans un autre chapitre, il traite de la Bible anglaise. Suivent deux importantes contributions sur l'orthodoxie (A. Argyriou) et le judaïsme (G. Dahan) : dans le domaine des études bibliques, le XVIe s. constitua - notamment à cause de conditions historiques difficiles - une période de transition ou de gestation pour les juifs comme pour les orthodoxes ; la Bible conserva néanmoins une place centrale dans l'orthodoxie, et l'on ne saurait oublier l'apport de l'exégèse juive chez de nombreux commentateurs chrétiens. La section se conclut avec la présentation par B. Roussel de commentaires (sur Mt 5) et de traductions (Ps 22), et avec l'exposé par G. Bedouelle de la position ambivalente de l'Église romaine face aux traductions en langue vernaculaire.
La seconde partie, « Bible, culture et société », s'attache à montrer comment la Bible a imprégné tant les créations religieuses que la vie quotidienne du XVIe s. Apparaissent ainsi également les limites de sa réception. Les différents exposés se retreignent généralement à la France et/ou à l'espace germanique. De par la compétence de leurs auteurs, ils constituent bien plus que de simples « états de la question ». (Cette partie souffre, ce qui est presque inévitable, de quelques défauts inhérents aux ouvrages collectifs : redondances - certains développements eussent gagné à être remplacés par des renvois à la première partie -, absence d'unité pour l'orthographe de plusieurs prénoms et noms propres, disproportion des différents apparats critiques ... )
Un maître article de Marc Vénard nous fait découvrir la manière dont, par la découverte des « nouveaux mondes » notamment, les repères géographiques et temporels fournis jusqu'alors par la Bible furent concurrencés, voire disqualifiés par d'autres références. Ph. Denis étudie les pratiques pastorales et leur fondement biblique - base indispensable, mais fragile, parce qu'équivoque. Dans la « Bible et la politique », M. Soulié compare les positions de Luther, de Müntzer, des anabaptistes, de Calvin et des Monarchomaques. Les exposés de A. Godin et de M. Huot de Longchamp nous présentent d'autres rapports encore à l'Écriture : celui d'Érasme, dont la « philosophie chrétienne » - qui prend sa source dans la Bible - concerne tous les domaines de la vie ; celui des mystiques catholiques ensuite, pour lesquels la compréhension de l'Écriture ne nécessite pas forcément un contact avec le Livre : le rôle de la Bible « n'est pas de fournir des arguments, mais des mots d'amour » (p. 610). Après des contributions sur la Bible dans la littérature (M.A. Screech) et dans le théâtre (M. Soulié), la seconde partie se clôt par l'étude de deux « media », qui ont été influencés par la Bible et ont contribué - de manière diverse, selon les stratégies confessionnelles - à sa diffusion : P. Veit traite du chant dans la Réforme, M. Stirm des images.
Dans leur conclusion, G. Bedouelle et B. Roussel mettent en évidence une coupure, qui se situe autour de 1560 : les aspirations du début du siècle (retour aux sources bibliques, lecture pour tous... ) n'ont pas été réalisées : la source grecque continue à se dérober ; l'illetrisme des masses a pour conséquence que leur imprégnation par la Bible continue à se faire avant tout par la prédication. Par ailleurs, les divisions confessionnelles empêchent plus que jamais de parler d'une lecture univoque de la Bible. Enfin, si cette dernière indique encore « le croyable et le sacré », certaines distances commencent à être prises.
De précieuses bibliographies et des index (biblique, noms) complètent ce beau volume, rehaussé en outre d'une trentaine de planches. Le temps des Réformes et la Bible : un ouvrage encyclopédique, qui livre un savoir impressionnant, tout en abondant en questionnements stimulants. Désormais « incontournable ».


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