REVUE : REVUE THÉOLOGIQUE DE LOUVAIN, 1, 1999

Charles Moeller est décédé en 1986. Après plusieurs ouvrages ayant trait à l'humanisrne chrétien, il inaugura, dans les années qui suivent la guerre, une entreprise gigantesque. Sous le titre Littérature du XXe siècle et christianisme, il publiera coup sur coup cinq volumes qui auront un retentissement immense. Il y dégage avec maîtrise les idées forces des principales œuvres littéraires où s'exprime la quête du monde désormais en nette mutation.
La mort ne lui a pas permis de poursuivre son œuvre : ni de publier son tome 6, ni de continuer la rédaction entamée du tome 7. Voici enfin le tome 6, dont nous devons la parution à la fidélité de ses amis. y sont analysées des œuvres de Marguerite Duras, Ingmar Bergman, Valéry Larbaud, François Mauriac, Sigrid Undset, Gertrude von Lefort. Dès la publication du premier tome, une revue s'était écrié : « Nous avons un grand critique littéraire ». Il est resté tel dans tous ses volumes, en étant aussi un théologien pénétrant et un spirituel chaleureux, Dans le présent volume comme dans les précédents, il met en lumière les grandes interrogations qui sous-tendent les œuvres romanesques étudiées et, en même temps, fait ressortir l'originalité de l'espérance chrétienne. Le climat des écrits analysés est souvent très lourd, l'analyste le fait sentir avec grande vigueur; le chrétien, dont la foi est une profession de confiance, est ainsi interrogé avec force. Quelques formules bien frappées aiguillonnent sa réflexion sur l'actualité permanente de l'Évangile.
Le lecteur qui voudrait aller d'emblée à l'essentiel pourrait commencer sa lecture par l'admirable chapitre sur Gertrude von Lefort, où les croyants et l'Église sont mis en demeure, en étant immergés dans l'indifférence religieuse, d'y vivre, comme le dit saint Paul, ce qui manque à la passion du Christ, leur façon d'aimer, avant de brûler les étapes par le désir de convertir. La rigueur de la pensée, en ces pages tout particulièrement, s'allie à la chaleur des sentiments.
Ce volume, comme les précédents, commenté de façon très vivante le titre que Charles Moeller avait donné à un autre de ses livres : L'homme moderne devant le salut (1965).