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BIBLE DE TOUS LES TEMPS N°4- LE MOYEN-ÂGE ET LA BIBLE

BIBLE DE TOUS LES TEMPS N°4- LE MOYEN-ÂGE ET LA BIBLE

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Date d'ajout : mardi 03 octobre 2017

par Henri PLATELLE

MÉLANGES DE SCIENCE RELIGIEUSE XLII, 4, DÉCEMBRE 1985

Ce gros livre s'efforce de dégager quelle a été l'attitude pratique des Médiévaux vis-à-vis de la Bible, c'est-à-dire de rechercher dans quelle mesure ils possédaient le texte des saintes Écritures et les lisaient, comment ils les étudiaient et enfin quelle était l'influence réelle de celles-ci sur les institutions et les mentalités du temps. L'ouvrage s'apparente ainsi plus à un vaste sondage d'opinion qu'à une étude traditionnelle de l'exégèse médiévale. Il s'inscrit d'ailleurs dans une collection intitulée La Bible de tous les temps, où ce même problème doit être examiné des origines chrétiennes à nos jours.
Une telle enquête ne peut évidemment être réalisée que par un travail collectif.
C'est pourquoi dans ce volume nous trouvons 24 articles écrits par des spécialistes et regroupés en quatre sections ; Le Livre, Étudier la Bible, Vivre la Bible et enfin La Bible et les nouveaux problèmes de chrétienté. L'ensemble est très cohérent et fait honneur aux maîtres d'œuvre P. Riché et G. Lobrichon, qui ont en outre rédigé les introductions des différentes parties et la conclusion générale.
Parcourons rapidement tout l'ouvrage. La section 1 consacrée au Livre commence naturellement par l'examen des bibliothèques médiévales et de leurs principes de classement (P. Petitmengin). Vient ensuite un problème plus délicat, celui du choix entre tant de versions et de révisions en honneur à l'époque (L. Light). L'auteur peut ainsi établir que vers 1200-1230 apparaît, grâce au labeur des maîtres parisiens, une Bible réellement nouvelle par sa présentation et son texte. Sont alors examinés les instruments de travail indispensables; les gloses (G. Lobrichon) et les concordances verbales (R. H. House). On en arrive ainsi à la phase ultime ; la diffusion du livre par le jeu des traductions, un problème essentiel qui est étudié ici sur le seul terrain de la Grande-Bretagne (M. Larès). Toutes ces contributions, remarquablement convergentes, n'épuisent pourtant pas le sujet. Rien n'est dit sur les traductions en langue romane, ni sur l'usage de la Bible comme relique. Qu'on songe par exemple à l'Évangéliaire de Morienval (IXe siècle) conservé à Noyon ou au Plenarium des Guelfes (1339) conservé à Berlin, qui abritaient tous deux de nombreuses reliques dans leur couverture d'orfèvrerie.
Dans la seconde section (Étudier la Bible) sont présentées quelques-unes des étapes de la longue histoire de l'exégèse médiévale. Aux VlIIe et IXe siècles (P. Riché), dans l'enthousiasme de la Renaissance carolingienne, les moines et les clercs élaborent des méthodes et des instruments de travail, qui restent ensuite en usage jusqu'au XIe siècle. Le XIIe siècle (J. Châtillon) est une période de transition. La tonalité générale demeure contemplative et l'étude de la Bible se relie toujours à l'expérience spirituelle; saint Bernard est le grand maître de cette exégèse monastique. Mais dans les écoles, qui succèdent aux cloîtres comme centres intellectuels, percent de nouvelles tendances qui font une plus large place au raisonnement et mènent aux constructions systématiques des premières sommes. Ce nouveau type d'interprétation se développe dans les universités (J. Verger), mais il ne faut pas forcer les oppositions entre les milieux monastiques et scolaires, car les influences sont réciproques. Saint Thomas le tout premier reste fidèle au commentaire spirituel de l'Écriture. Un chapitre original et proche de la vie (Dom Dubois) fait comprendre quelles délices intimes les moines pouvaient tirer du chant des psaumes et des antiennes. Enfin une place a été faite à l'exégèse rabbinique (A. Graboïs) qui s'offrait comme une tentation aux intellectuels chrétiens.
La troisième partie (Vivre la Bible) est la plus copieuse du recueil. Une première sous-section (Le gouvernement des hommes) montre comment les préceptes et règlements bibliques ont inspiré les législateurs monastiques (M. Ch. Chartier), les auteurs de collections canoniques (J. Gaudemet), Gratien et ses successeurs (Th. M. Ezbicki). Enfin P. Riché explique comment les clercs du Haut Moyen Age se sont constitués à partir de la Bible tout un arsenal de doctrines et de références qui n'a cessé d'être utilisé jusque vers 1500. Bref la Bible était un « miroir » pour tous ceux qui avaient à exercer l'autorité (les praelati).
Elle nourrissait aussi la pastorale (c'est la deuxième sous-section), tout d'abord en fournissant une imagerie inépuisable aux miniaturistes (Fr. Garnier), qui souvent d'ailleurs avaient recours aux apocryphes bibliques (E. Bozoky). Plus important était le relais de l'hagiographie, car les saints - si chers à nos aïeux - prolongent le Christ, répètent ses gestes, popularisent ses vertus. Tout un enseignement biblique explicite ou implicite parvenait ainsi aux simples, qui ne devaient guère connaître directement le livre sacré (article fondamental de M. Uytfanghe). La prédication en langue vulgaire (M. Zink) cherche à mettre à la portée du peuple l'enseignement des Écritures et notamment celui des évangiles du dimanche. La prédication en langue latine (J. Longère) destinée surtout au public clérical fait une place plus grande encore à la Bible, mais souvent à travers les contraintes de modes d'exposition très scolaires. Enfin la Bible règne sans conteste dans la liturgie (P. M. Gy), si évocatrice par son aspect visuel, mais aussi si secrète en raison de sa langue ésotérique.
La dernière section, la plus courte (Bible et nouveaux problèmes de chrétienté) introduit un élément de rupture dans cette histoire jusqu'ici linéaire. La société en effet a profondément changé à partir du XIe siècle et l'Église a dû tirer un enseignement nouveau de son trésor ancien, elle a dû donner un sens plus pur aux mots qu'elle avait coutume de prononcer et même aux références bibliques. Ainsi en est-il pour les problèmes économiques et démographiques (L. K. Little), pour les confréries de dévotion qui se multiplient à partir du XII" siècle (A. Vauchez) et surtout pour les mouvements hérétiques qui tous se réclament de la Bible et brisent ainsi un monopole clérical de l'interprétation (R. E. Lerner)…
Ce survol suffit sans doute à attester la richesse de ce volume. Les Médiévistes pourront y puiser à pleines mains et les amoureux de la Bible se retremper dans une antique ferveur.


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