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MARIE, LE CULTE DE LA VIERGE DANS LA SOCIETE MEDIEVALE

MARIE, LE CULTE DE LA VIERGE DANS LA SOCIETE MEDIEVALE

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Date d'ajout : vendredi 22 janvier 2016

par J. KEVIN COYLE

REVUE : STUDIES IN RELIGION / SCIENCES RELIGIEUSES, 2, 1999

Ce recueil d'études fut offert à Georges Duby (mort en 1996) suite au séminaire qu'il dirigeait au Collège de France de 1990 à 1992. Les études, en tentant de cerner la construction progressive du personnage marial depuis les premiers siècles de l'ère chrétienne à la fin du Moyen Âge, se regroupent autour de six centres d'intérêt :
1) Émergence de la figure de la Vierge dans le culte : pour la période du IXe au XIe siècle, Éric Palazzo et Ann-Katrin Johansson soulignent que l'on doit retenir que si l'Église attribue une vénération à la Vierge, elle le fait à la mère du Christ. Claire Maître démontre que l'office du commun des vierges n'est pas l'origine de l'office de la Vierge. Dominique Iogna-Prat signale l'importance des mutations politiques et idéologiques dans l'essor de la piété mariale sous le règne de Charles le Chauve.
2) Importance sociale de la dévotion mariale : D. Iogna-Prat offre une brève étude sur la Vierge (« Reine des cieux ») et les ordines de couronnement des reines au IXe siècle. D'après Patrick Corbet, c'est au Xe siècle que le modèle marial commence à être explicitement appliqué aux impératrices ottoniennes. Anita Guerreau-Jalabert identifie deux types d'images dans les représentations médiévales de l'Arbre de Jessé, dont l'un met l'accent sur Jessé et l'autre sur la lignée du Christ. L'auteure voit dans l'interprétation de ce dernier thème la notion de parenté : l'Arbre illustre le passage de la génération charnelle (Jessé) à une génération spirituelle (de Marie, puis du Christ).
3) « Marie en représentations » est le titre d'une section où figure une seule étude, celle de Daniel Russo, mais il s'applique aussi à la section suivante « l'espace ecclésial et l'espace liturgique ». Dans son long article Russo démontre une accélération du processus de l'émergence de Marie dans la vie liturgique et dévotionnelle occidentale du IIIe au XIVe siècle. Prenant l'exemple de Saint-Germain-d'Auxerre, Christian Sapin nous renseigne sur l'origine des rotondes mariales des IXe-XIe siècles. É. Palazzo étudie l'élaboration d'une architecture et de pratiques liturgiques à caractère marial pendant la même période. Hélène Toubert présente le thème de « la Vierge et les sages-femmes» dans les évangiles apocryphes et le drame liturgique. Paulette l'Hermite-Leclercq examine une pièce de Philippe de Mézières jouée à Avignon en 1372. L'image de la Vierge qui ressort de cette dramatisation de la Présentation au Temple est d'une enfant « très singulière […] à l'encontre de toute la figuration iconographique qui liait le couronnement de Marie après sa mort à sa fonction de mère ».
4) Textes littéraires: Monique Goullet et D. Iogna-Prat décrivent la « Vierge en majesté » (c'est-à-dire, une statue de la Vierge placée dans un cadre rendant facile la vénération des fidèles) figurant dans la visio monachi Rotberti du diacre Arnaud (Xe siècle). Guy Lobrichon recueille des passages donnant l'exégèse au haut Moyen Âge latin de la Femme couronnée d'étoiles évoquée au chapitre 12 de l'Apocalypse. Ces passages, pour la plupart inédits, permettent de comprendre l'extrême réticence des Occidentaux, du VIIIe siècle à la fin du XIIe, à reconnaître dans cette Femme la Vierge mère du Christ, préférant y voir l'Église. M. Goullet introduit et traduit le poème latin Maria, première œuvre de Hrotsvita de Gandersheim (née vers 935). Simon Mimouni étudie une des versions latines (« W » de Wimart) des Tramitus Mariae, représentations du sort final de Marie relevant de l'antiquité chrétienne et du Moyen Âge.
5) Marie et les non-catholiques : Hedwig Rôckelein trace le rôle du culte de la Vierge dans le mouvement antijuif aux pays de langue allemande à la fin du Moyen Âge. La pratique de transformer des synagogues en églises dédiées à la Vierge, ou, après leur destruction, d'ériger de telles églises à leur place, aurait eu comme motivation d'exorciser la « synagogue de Satan » (528). Kathrin Utz Tremp étudie la Vierge Marie dans le registre d'Inquisition de Jacques Fournier, évêque de Pamiers (1317-1326) et plus tard le pape Benoît XII. Celui-ci s'est trouvé confronté à plusieurs hérésies dont notamment celle des cathares, chez qui le refus de la vénération mariale se doit moins à un refus de l'Incarnation qu'à une image négative de la femme.
6) « Miraculeuse Marie » : Guy Philippart estime que trois figures de Marie se révèlent dans le récit des miracles attribués à la Vierge dans l'Occident médiéval: d'usurpation (s'insurgeant contre l'ordre divin), de sentimentalité (voire de sensualité) et de transgression (sanctionnant des actes interdits). Enfin, Gabriela Signori explore « la bienheureuse polysémie » entre pèlerinages mariaux et récits de miracles attribués à la Vierge, les deux débutant au Xe siècle.
Ce volume est une source précieuse pour nos connaissances du culte de Marie au Moyen Âge. Les études qu'il réunit sont bien construites et d'une érudition impressionnante (seule la dernière fait impression de hâte). Ma critique est donc d'ordre mineur. Le volume est dépourvu de tout index, dans ce cas nécessaire à cause de la longueur et la complexité du recueil. En ce qui concerne les références patristiques, une citation du De carne Christi de Tertullien n'est identifiée (45, n. 1) que par des colonnes de la Patrologia de Migne. L'affirmation à la page 46, faisant écho de L. Duchesne (1907/1908), que « le culte marial […] apparaît en Arabie dans la fête annuelle célébrée uniquement par les femmes » invite quelques explications (voir mon article dans Église et Théologie 9 [1978], 79-87). On ne peut accepter sans réserve l'affirmation d' « une société totalement chrétienne comme celle de l'Occident à partir du IVe siècle » (156).
Vu l'ampleur du texte, les coquilles qui s'y trouvent sont plutôt rares. SignaIons : 436 au lieu de 425 (26, n. 15) ; exlu (ll0, n. 4) ; historiaI (128, n. 70) ; NEUMANNN (183, n. 27) ; stucture (197, n. 63) ; statut au lieu de statue (242, n. 201) ; tès (454, ligne 196) ; et collère (458, ligne 339). À la page 290 la phrase « Au cours du second XIIIe siècle » embrouille. À la page 362, note 2 il faut remplacer le mot « feast » dans le sous-titre de l'ouvrage de Kishpaugh par « study ». Le mot « apogée » (523) est du masculin.


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