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N°60 L'HOMME DE DÉSIR, ICÔNE DE DIEU

N°60 L\'HOMME DE DÉSIR, ICÔNE DE DIEU

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Date d'ajout : mercredi 19 août 2015

par Samuel PRUVOT

REVUE : FRANCE CATHOLIQUE n° 2827, mars 2002

• Hubert Debbasch, peut-on manager une grande agence de voyages et publier des essais de théologie spirituelle ?
Ma conviction est que la recherche n'est pas une activité réservée aux prêtres et à ceux qui ont fait de la vie spirituelle leur "profession". En tant que chrétien engagé je suis par le fait même un "chercheur de Dieu". Ce n'est pas parce que mes obligations professionnelles me laissent peu de temps qu'il faut que je renonce à être un "chercheur" . .

• Les laïcs sont-ils condamnés à être des "chercheurs" de seconde zone ?
Mais non ! Le moine n'est pas le seul à devoir vivre l'absolu de Dieu. Tous les laïcs ont à répondre à cet appel. Les chercheurs de Dieu en laboratoire n'existent pas. Saint Bernard lui-même a toujours mené sa quête spirituelle au milieu des multiples soucis de sa charge de père abbé et de fondateur de monastères. La vie de sainte Thérèse d'Avila fut aussi tiraillée entre mille occupations. Dans cette agitation, la qualité de leur recherche de Dieu n'en ressort que mieux.

• Quel est le rapport entre cet essai et votre expérience personnelle ?
Je me suis converti à l'âge de 18 ans. J'ai fait l'expérience d'un Dieu qui me cherchait ! Dès le départ, j'ai eu le sentiment d'être trouvé par Dieu avant même de Le chercher… Ma vie a basculé. J'ai multiplié des engagements dans l'Eglise pour témoigner de cette rencontre fondamentale. Mon avidité à chercher Dieu dans la prière et l'étude n'a pas diminué avec le temps.
Vous connaissez comme moi des personnes très brillantes qui, pour leur métier ou leur passion, sont capables d'assimiler des données très pointues. Ils se documentent sans cesse, dévorent les revues spécialisées, etc. Cette curiosité devrait être la même dans le domaine de la foi ! Le propre du chercheur de Dieu est de chercher, de trouver et de chercher encore. Le Credo n'est pas une fin mais un point de départ qui nous ouvre des domaines infinis ! Quand je considère la richesse de notre patrimoine spirituel, je suis avide d'en savoir plus.

• Pour revenir au sujet de votre livre, le statut du désir dans la Bible n'est-il pas plutôt négatif ?
Dans la Bible, Dieu n'a pas honte de montrer son désir pour l'homme en des termes bouleversants. Les prophètes, comme Osée, parlent volontiers du désir de Dieu pour l'homme. Certains exégètes ont trouvé cela scandaleux et des traductions édulcorées ont atténué la portée originelle des textes. De fait, le Dieu de la Bible ne se présente pas comme un concept philosophique, le "moteur immobile" d'Aristote. Le Christ est l'incarnation de ce désir de Dieu pour l'homme. Il faut prendre au sérieux cette parole du Christ à la veille de la Passion : "J'ai désiré de désir manger cette Pâque avec vous" (Luc 22, 16).

• Quelle fut votre problématique de départ ?
J'étais taraudé par une question personnelle : "Est-il possible que Dieu nous désire ?" J'avais perçu cette vérité par expérience, lors de ma conversion. Il me fallait alors la fonder intellectuellement.
"Ma recherche de Dieu est-elle sincère ?" Je suis touché par l'apport des sciences humaines sur la question. La psychanalyse a souvent répondu à cette interrogation en écartant - a priori - toute dimension religieuse. Il est dangereux de vouloir guérir l'homme en niant son désir spirituel. Il n'y a pas de raison d'exclure ce désir essentiel. Un expert en psychologie plus ancien comme saint Jean de la Croix décrit avec précision toutes les crises de l'âme. Le mystique est un homme de désir.

• Pour les sciences humaines, le désir de Dieu n'est-il pas simplement une forme de sublimation ?
Le désir spirituel serait la manifestation d'autres désirs refoulés. Les sciences humaines cultivent parfois une suspicion systématique vis-à-vis du désir spirituel. La question reste posée du bien-fondé de ce désir qui pourrait en cacher un autre… Pour avancer, il faut accepter de s'interroger soi-même, d'aller à la source de ses désirs pour en vérifier la limpidité…
La vie spirituelle commence par la connaissance de soi-même. Il ne sert à rien de se cacher ses désirs. L'enjeu est de les purifier. J'ai vécu moi-même des combats terribles avant de comprendre que ce qui demeurait - à la fine pointe de l'âme - c'était bien ce désir essentiel de Dieu. Le désir spirituel est le plus fort de tous les désirs de l'homme… Il faut retourner le postulât des sciences humaines. La multiplicité des désirs de l'homme est justement la manifestation de l'unique désir de Dieu.

• Si le désir de Dieu était si fort en nous, tous les hommes seraient des mystiques !
Lorsque je parle à des incroyants de cette possibilité d'être désiré par Dieu, cela suscite généralement un vif intérêt. Il faut réveiller, en l'homme, le désir de Dieu. Cet appel devient alors plus puissant que tous les déterminismes économiques et sociologiques. Il n'est pas toujours pédagogique d'attirer d'abord l'attention de nos contemporains sur les questions morales. Ce que l'Église propose, ce n'est pas une somme d'interdits mais la connaissance de Dieu. L'Église n'a pas peur du désir de l'homme. Elle vient au contraire lui redonner son orientation. Cela suppose certes une traversée exigeante qui débouche sur Pâques.

• Le carême n'est-il pas l'occasion de cultiver de saints désirs ?
Le désir peut devenir un chemin vers Dieu. Pendant le carême, le chrétien s'efforce de rompre avec ses dépendances, pour écarter ce qui fait obstacle à Dieu. Le jeûne est le signe que nos besoins les plus légitimes ne sont pas absolus. Dieu seul est notre nourriture essentielle. L'aumône nous pousse au même décentrement de nous-mêmes, à l'abandon de notre suffisance. La prière est affaire de désir. C'est la rencontre de deux désirs, celui de Dieu et celui de l'homme.

• Qui désire l'autre en définitive ?
Si l'homme désire Dieu c'est que Dieu a désiré l'homme en premier… Comme cette affirmation risquait de rester un peu théorique j'ai choisi de prendre appui sur des auteurs clés de la Tradition comme saint Augustin, saint Bernard ou saint Thomas d'Aquin. Ils ont vraiment désiré Dieu avec véhémence. Le tout est de les imiter !


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