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TH n°116 MÉTAMORPHOSES DE L’ANTICHRIST CHEZ LES PÈRES DE L’ÉGLISE

TH n°116 MÉTAMORPHOSES DE L’ANTICHRIST CHEZ LES PÈRES DE L’ÉGLISE

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Date d'ajout : lundi 09 novembre 2015

par Bernard POUDERON

À sujet brûlant, rédacteur passionné : C.B. - jeune Roumain amoureux de la France, théologien, philosophe, philologue (de nombreux et longs passages, souvent inédits, sont ici traduits du grec ou du latin) et écrivain nous entraîne dans un captivant parcours à la fois historique et philosophique sur les traces de l'Antichrist, personnification du mal absolu, décrivant les principales doctrines et associant à cette recherche une réflexion sur la signification ultime de ce « mythe ». Après avoir fait un rapide état de la question (ouvrages récents, dont il assume l'influence, pp. 13-24, puis plus anciens, depuis Bousset, pp. 24-30), il expose la préhistoire du mythe, du Livre de Daniel (d'où proviennent pour l'essentiel les motifs antichristologiques, telles les quatre bêtes) jusqu'à Justin, en passant par 1 Jn, où le mot αντιχριστοζ apparaît pour la première fois (il est absent d'Ap, Mc 13 et 2 Thess 2, 1-12). C.B. réserve un sort particulier à l'Apocalypse de Pierre, dans lequel Siméon bar Kokhba « représenterait une figure clef (pour) la constitution du futur mythe chrétien de l'Antichrist » (p. 111). C'est Irénée (pp. 127-189) qui « propose la première version complète, autonome, du mythe » ; l'action des hérétiques est présentée chez lui comme une préparation de la fin du monde et une anticipation de l'arrivée de l'Antichrist ; sa doctrine, qui s'appuie aussi bien sur l'Ancien que sur le Nouveau Testament, peut être résumée ainsi : l'Antichrist récapitule toute l'histoire de l'apostasie ; magicien et thaumaturge, il sera surtout un roi juif, qui deviendra le maître du monde après l'écroulement de l'Empire romain ; les chefs d'école hérétiques sont des pré-antichrists (déjà Polycarpe, Phil. 7, 1). Suivent l'étude de la doctrine d'Hippolyte (Comm. in Dan. et De Christo et Antichristo), plus « politique » (p. 234 : « la disparition de l'Empire romain marque la défaite du terrestre : le terrestre cesse et le céleste commence ») ; celle d'Origène, qui tend à spiritualiser le mythe. l'Antichrist devenant le symbole du faux discours (du faux Verbe) qui détourne consciemment le sens du message divin (p. 270) ; celles des Latins Victorin et Commodien chez qui s'épanouit la figure du Nero redivivus, puis de Lactance, pour lequel l'approche de l'εσΧατου correspond à une emprise de plus en plus grande du mal et, bien sûr, à la décomposition de l'Empire (l'Epitomè des Institutions divines plus tardif, omettant le thème de la disparition imminente de l'Empire, pour d'évidentes raisons politiques) ; celle de Cyrille de Jérusalem, pour lequel les signes eschatologiques sont les divisions de l’Église, et qui voit dans l'Antichrist une incarnation du diable, et non un personnage distinct, instrument de Dieu ou du diable ; celle de Jérôme, qui n'apporte que de petites touches supplémentaires au mythe, mais refuse d'identifier l'Antichrist au diable (il est pour lui un personnage historique, d'origine juive, qui fera son apparition après la chute de l'Empire et trouvera la mort sur le Mont des Oliviers) ; celle d'Augustin, qui démystifie la figure, pour ne voir en elle qu'une entité d'ordre psychologique, le symbole d'un principe moral, et qui récuse en outre la croyance au millenium ; celle de Théodoret, enfin, dont la particularité est de nous offrir la liste la plus complète des appellations de l'Antichrist. Un dernier chapitre évoque le développement de nouveaux thèmes dans la littérature apocryphe, que C.B. a écartée de son corpus de recherche. La conclusion générale offre une réflexion de haute tenue sur le mythe, sur son évolution, qui n'est pas linéaire, mais procède par transformations et métamorphoses ; C.B. distingue en particulier trois types d'interprétations de l'Antichrist : l'une qualifiée de mythologisante (celle de Cyrille de Jérusalem) ; la seconde historique (comme chez Hippolyte), que la figure de l'Antichrist soit individualisée (c'est le tyran eschatologique) ou collective (ce sont les hérétiques); la troisième spirituelle ou intérieure (c'est le cas chez Augustin), Il conclut sur l'actualité et la fécondité du mythe, n'hésitant pas pour cela à évoquer l'histoire proche : le grand Satan dénoncé par l'Iran, ou le Saddam Hussein revu et corrigé (si je puis dire) par G. Bush junior. Une riche bibliographie clôt le volume, dont je ne puis que conseiller la lecture, à la fois aux antiquisants et aux modernistes, qui y découvriront l'origine de maints thèmes littéraires. Signalons enfin quelques fautes pardonnables - ne serait-ce que pour montrer que nous avons lu cet immense ouvrage dans son intégralité et avec soin : des erreurs de fontes (p. 169 ; 172 ; 173 ; 346) ; des fautes d'orthographe (p. 66 Patmos écrit avec un [h] ; p. 210 « selon la chaire » !) ; des fautes de français (p. 53 : le pronom personnel [l'] reprenant le relatif [que] ; p. 48 subordinationistes au lieu de subordinatianistes) ; des néologismes contestables (p. 173 : aprioriquement) ; des fautes de mise en page (p. 94 ; 331 : lignes répétées) ; une tendance à oublier l'existence du tiret (p. 33 : quasiautonomes ; p. 98 : nonconforme) ou à la surévaluer (p. 319 : irnmo-raIité; p. 392 : his-toire; confu-sions). Un grand bravo tout de même pour cet excellent ouvrage, indice d'un grand talent.


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