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SAINTE GENEVIÈVE DE PARIS. La vie, le culte, l'art

SAINTE GENEVIÈVE DE PARIS. La vie, le culte, l\'art

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Date d'ajout : mardi 21 mars 2017

par B.-J. M.

REVUE : BULLETIN DES LETTRES, 445, févier 1983

Bien qu'elle soit l'une des patronnes de la France, on ne sait généralement pas grand-chose de sainte Geneviève. Un clerc de l'Église de Paris a pourtant raconté, d'une façon fort détaillée, son existence, dix-huit ans à peine après sa mort, soit vers 520. L'essentiel de ce récit nous est présenté, d'une manière simple et alerte, par Dom Jacques Dubois, le savant bibliothécaire de l'abbaye de la Source. Quel précieux témoignage sur la vie à Paris et en Gaule au Ve siècle, en ces époques troublées que nous connaissons si peu ! Et quel étonnement de découvrir le visage de la vraie Geneviève : cette fille de l'aristocratie gallo-romaine qui ne garda jamais, n'en déplaise à Péguy, « les moutons à Nanterre », mais, qui, par sa détermination, son élévation morale, le rayonnement de la sainteté, se vit à la tête « d'un bien autre troupeau », affermissant le courage des Parisiens lors du raid d'Attila, en 451, traitant elle-même la construction de la basilique de Saint-Denis, organisant le ravitaillement de Paris lors des troubles qui précédèrent l'arrivée au pouvoir de Clovis, mourant enfin
« … d'une mort solennelle
Sur ses quatre-vingt-dix ou quatre-vingt douze ans »
entourée de la vénération unanime d'un peuple qui, de son vivant, en avait déjà fait sa « patronne », au sens le plus ancien et le plus noble du mot : l'avocate, la protectrice des faibles, le recours de tous.
La biographie de Geneviève est complétée par une étude de Laure Beaumont-Maillet sur le culte et l'iconographie de la sainte, protectrice toute désignée de Paris et de la France in quacumque tribulatione. Ainsi, il n'y eut pas moins de soixante-dix sept processions solennelles de la chasse, avant 1789, chaque fois que le salut public le réclamait - ou pour lutter contre des pluies diluviennes, une des « spécialités » de la sainte,. J'ai regretté, à ce propos, de ne pas retrouver l'histoire que rapporte Chamfort : lors d'une semblable procession pour obtenir de la sécheresse, le cortège à peine en route, il se mit à pleuvoir ; « sur quoi l'évêque de Castres dit plaisamment : la sainte se trompe, elle croit qu'on lui demande de la pluie. » Pour faire pièce à cet évêque irrévérencieux, citons une dévote inattendue : la marquise du Châtelet qui, en cachette de ses ami, les philosophes, allait au puits de la sainte, à Nanterre, laver ses yeux pour apaiser une ophtalmie... Et sait-on qu'en 1871, lors du siège, Trochu rédigea une proclamation invoquant Geneviève, refusée toutefois par les membres du gouvernement qui redoutaient davantage « cet obus clérical que ceux des Prussiens ». La surprenante victoire de la Marne, en 1914, ne sera-t-elle pas attribuée, elle aussi, non seulement aux taxis, mais encore à l'intercession de la sainte ?
Point n'est besoin, de même, d'être un ancien du lycée Henri IV pour s'intéresser à l'histoire de la « montagne Sainte-Geneviève », avec son grand couvent dont le chancelier était, jusqu'au milieu du XIIIe siècle, chancelier de l'Université de Paris, et ses sanctuaires, Saint-Etienne-du-Mont, encore tout empli de souvenirs illustres et la basilique, devenue Panthéon par la grâce de la « Patrie reconnaissante » ; encore qu'on ne le ferma au culte qu'en… 1885, à l'occasion des funérailles de Victor Hugo !
L'étude iconographique se révèle aussi pleine de surprises : sur les miniatures du Moyen Âge, un diableteau armé d'un soufflet essaie désespérément d'éteindre un cierge tenu par la sainte, tandis qu'un ange vient le rallumer au fur et à mesure. Au XVIe siècle, l'on voit apparaître les premières représentations de Geneviève en bergère, sous l'influence probable… de Jeanne d'Arc, autre héroïne nationale s'il en est ! On croirait à peine, enfin, si l'on n'en avait sous les yeux la reproduction, à l'existence de l'ex-voto de Napoléon III, « Sainte-Geneviève protégeant l'Empire français (1854) : portée sur les nuages entre Hortense et Joséphine, sainte Geneviève désigne un phylactère - Napoleo imperator, Dei gratia et populi voluntate (!) - tandis que des anges soutiennent, l'un un drapeau marqué « Austerlitz », et l'autre une banderole avec l'inscription « vote universel »…
Dom Dubois, dit-on, prépare un travail plus considérable, dont le présent ouvrage n'est qu'un avant-goût. Les érudits resteront un peu sur leur faim: mais le grand public devrait profiter largement d'un livre aussi sérieux, bien que simplement écrit, et aussi abondamment illustré bien que, ajoutons-le, à fort bon marché !


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