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TH n°099 ISIDORE DE PÉLUSE

TH n°099 ISIDORE DE PÉLUSE

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Date d'ajout : mercredi 19 août 2015

par J. VERHEYDEN

P. Évieux a déjà publié plusieurs articles sur Isidore de Péluse ( vers 435- 440), ancien professeur de rhétorique devenu prêtre puis moine non loin de Péluse, ville de province sur la péninsule du Sinaï, et l'auteur d'un grand nombre de lettres. En ce moment Évieux prépare l'édition complète du corpus isidorien pour la série des SC (le premier tome vient de paraître cette année: n° 422). Le livre que voici est en quelque sorte une introduction à cette édition, mais ce n'est pas une étude de la tradition manuscrite. L'A. s'occupe d'un autre problème, celui de l’authenticité du corpus et de son auteur. La tradition nous a préservé une collection (en partie) numérotée d'environ 2.000 lettres sous le nom d'Isidore de Péluse (voir la liste, pp. 411-418). Si la collection est authentique, Isidore est non seulement un des épistoliers les plus productifs de l'Antiquité, mais à voir la liste des destinataires et des sujets traités, il doit aussi être considéré comme une personne très respectée dans son époque.
La discussion sur l'authenticité du corpus remonte au 18e s. Selon les critiques les lettres ne nous permettent pas de « recomposer le visage d'Isidore ». Beaucoup des informations qu'elles contiennent font problème ou s'avèrent être fausses. Beaucoup des noms et des titres des destinataires des lettres seraient fictifs et certaines lettres ne sont que des extraits de la littérature patristique. La collection serait l'œuvre des moines Acémètes de Constantinople (de la fin du Ve ou début du Ve s.) et « Isidore » serait un prête-nom renvoyant à un personnage historique de la première moitié du Ve s. Plus récemment R. Riedinger a mis en doute l’existence même de cet Isidore de Péluse dont nous parle la tradition. « Dans l'état actuel des choses, tout fait problème, aussi bien l'œuvre que l'auteur présumé » (2). Évieux reprend cette double question à partir d'une analyse nouvelle des lettres et des témoignages externes. Ses conclusions sont fermes : Isidore est bien un personnage historique et il est l'auteur de la plupart des lettres qui ont été rassemblées peu après sa mort par des moines proches de lui (290-292). Si la tradition postérieure est assez maigre, ce sont surtout les lettres qui nous informent sur cet auteur monastique. « Isidore est tout entier passé dans ses lettres » (386).
L'étude d'Évieux comprend deux parties : « Le milieu » (11-292) et « Isidore de Péluse » (295-377). Une étude approfondie de la correspondance montre que les critiques ont été trop sceptiques à propos de sa valeur historique. Les destinataires des lettres ne sont pas des noms fictifs (voir la liste, pp. 387-410). « Les titres et les fonctions rencontrés dans le corpus isidorien sont cohérents et en accord avec une aire géographique précise et un temps déterminé » (28). Isidore soutenait des contacts avec plusieurs personnages importants du milieu politique, ecclésiastique et monastique. Les lettres contiennent un trésor d'informations sur ces divers milieux : l'Égypte du premier moitié du Ve s., l'Église (à Alexandrie et à Péluse), et surtout aussi le monde monastique. Isidore sort de ses lettres comme une personne qui parle et écrit avec autorité et qui donne son opinion sur des questions relatives à la discipline monastique, à la gestion de l'Église et aux controverses christologiques. La deuxième lettre à l'empereur Théodore II, par exemple, est un appel à ne pas intervenir dans les affaires du concile réuni à Éphèse (lettre n° 311). Dans une autre lettre, Isidore n'hésite pas à réprimander Cyrille d'Alexandrie qui, pendant la crise nestorienne, risque de provoquer dans l'Eglise des dissensions encore plus graves par ses sentiments de vengeance (n° 370).
Des lettres, Évieux passe à la tradition externe sur Isidore (les Vies qui concordent plus que l'on a pensé autrefois ; le témoignage de Sévère d'Antioche surtout) et peint le portrait d'Isidore sophiste (professeur de rhétorique), théologien, et exégète. L'A. ne veut pas refaire le travail de ses prédécesseurs sur la valeur théologique de l'œuvre du Pélusiote (par exemple, A. Schmid). À vrai dire, Isidore n'avait pas le grand esprit spéculatif. Il ne cherchait pas à enrichir le débat théologique d'une perspective nouvelle. Son but était plutôt de faire valoir la tradition reçue. Par contre, il était bien exégète. Sa formation de professeur de rhétorique lui avait donné le goût pour la littérature ainsi que les techniques pour commenter un texte. Il ne nous reste rien de ses activités comme διδασκαλοζ de l'Église de Péluse, sauf peut-être quelques fragments d'homélies qui ont été incorporées dans la correspondance. D'autre part les lettres abondent d'interprétations exégétiques, souvent sous forme de réponses à des questions des destinataires. Plusieurs de ses commentaires ont trouvé une place dans les chaînes exégétiques. Selon Richard Simon, « quoique nous n'ayons aucun commentaire en particulier d'Isidore sur l'Écriture, il mérite cependant d'être mis au rang des plus habiles commentateurs tant du vieux que du nouveau Testament » (Histoire critique, 1693, p. 306 ; cité par Évieux, 332). Isidore se soucie de trouver un équilibre entre une exégèse franchement littérale et une interprétation qui pourrait sembler parfois trop allégorisante à l'un ou l'autre de ses correspondants (voir n° 884). Évieux le compare à Théodoret de Cyr, « contemporain d'Isidore, dont l'exégèse littérale est fort mesurée et qui ne répugne pas à récourir à la typologie pour commenter l'Écriture » (333; avec référence à J.-N. Guinot ; voir ci-dessous
468-471).
Évieux est un lecteur attentif de la correspondance d'Isidore. Peut-être qu'ici ou là il s'est laissé entraîner un peu trop par son enthousiasme. En plus d'un cas notre connaissance reste fragmentaire et souvent Isidore est notre seule source. Sa « campagne » contre Eusèbe, évêque de Péluse du temps du concile d'Éphèse, est vraiment un « sombre tableau dont la noirceur est difficile à vérifier par d'autres sources » (211). Mais cela n'empêche pas l'A. de conclure qu' « un tel comportement du clergé local n'est certainement pas exceptionnel, à cette époque ». Il faut savoir cependant que le tableau que fait Isidore de la situation à Péluse sous Eusèbe est envahi de rhétorique, qu'Eusèbe était présent à Éphèse en 431 comme partisan de Cyrille, et que les efforts d'Isidore n'ont apparemment pas eu dé succès. Mais dans l'ensemble l'analyse que donne Évieux du corpus isidorien fournit la preuve que le scepticisme général envers son authenticité et l'historicité de son auteur n'est plus guère tenable. La correspondance du Pélusiote couvre une période de presque 50 ans (depuis 390 à 440 env.) et est une source importante pour notre connaissance de l'Égypte chrétienne du premier moitié du Ve s.


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