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TH n°098 DORMITION ET ASSOMPTION DE MARIE. HISTOIRE ET TRADITIONS ANCIENNES

TH n°098 DORMITION ET ASSOMPTION DE MARIE. HISTOIRE ET TRADITIONS ANCIENNES

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Date d'ajout : lundi 25 janvier 2016

par Daniel STERNOV

REVUE : RIVISTA MARIANUM, 151, 1997

Cet important ouvrage est le fruit d'une longue et méticuleuse recherche. Dès août 1987, à Oxford, S.Cl. Mimouni prenait part à la Dixième Conférence internationale des études patristiques en présentant un paper intitulé : Histoire de la Dormition et de l'Assomption. Une nouvelle hypothèse de recherche, et publié dans Studia Patristica, XIX, Leuven 1989, p. 374-382, en prélude, somme toute, à la thèse que ce chercheur soutenait, à Paris, en 1988, sous le même titre, éclairé par ce sous-titre Recherche d'histoire littéraire, pour l'obtention du diplôme de l'École pratique des hautes études, section des sciences religieuses (voir l'Annuaire de cette École, XCVII, 1988-1989, p. 481-483). De même l'article de l'Auteur : La tradition littéraire syriaque de l'Histoire de la dormition et de l'Assomption de Marie. Préliminaire à une édition critique, dans Parole de l'Orient 15, 1988·1989, p, 143-168. En la soutenance du 15 avril 1991, pour l'obtention du doctorat es sciences religieuses, M. Mimouni a présenté un volumineux travail élaboré sous la direction du professeur Eric Junod, devant la jury de la dite École pratique des hautes études, sous le titre Genèse et évolution des traditions anciennes sur le sort final de Marie (la dormition et l'assomption), 3 vol., Paris, 1992 (voir l'Annuaire de l'E.P.H.E., t.C, 1991·1992, p, 539-543).
Avant la présente publication qui est, fondamentalement, la parution de cette thèse doctorale, S.Cl. Mimouni en avait offert quelques bonnes feuilles illustrées par des dissertations synthétiques ou complémentaires : "Transitus Mariae" (Traditions anciennes sur la sort final de Marie), dans Dictionnaire de spiritualité 15, 1991, col. 1160·1174 ; Genèse et évolution des traditions anciennes sur le sort final de Marie. Étude sur la tradition littéraire copte, dans Marianum 42 (1991) p. 69·-143 ; The Feast of Mary's Dormition in Syriac Area during the Byzantine Period, dans The Harp 5 (1992) p. 157 ·174 ; La lecture liturgique et les apocryphes du Nou·veau Testament. Le cas de la Dormition grecque du Pseudo-Jean, dans Orientalia Christiana Periodica 59 (1993) p. 403-425 ; Les Apocryphes de la Vierge. État de la question, dans Apocrypha 4 (1993) p. 101-102 ; Les Vies de la Vierge. État de la question, ibid. 5 (1994), p, 211-248.
La copieuse introduction (p. 1-36) énonce d'abord, comme il se doit, le propos et la visée de l'Auteur, la limite chronologique qu'il s'est imposée et la méthode suivie : « éclairer la genèse et l'évolution des traditions anciennes sur la dormition et l'assomption de Marie en examinant aussi bien les traditions littéraires que les traditions topologiques antérieures au VIIIe siècle », c'est-à-dire à la rupture provoquée dans le monde chrétien par la domination islamique. Voici les points passés ici en revue : la terminologie (distinction entre dormition et assomption), la doctrine exprimée par ces termes, le bon usage de la documentation (sources archéologiques, guides et recueil des pèlerins), enfin la méthodologie inspirée par la notion de tradition dans le christianisme ancien, l'Auteur voulant réagir contre la moindre estime accordée par les théologiens aux documents taxés d'apocryphes, habituellement sous-évalués, et contre la tendance de négliger les témoignages sur la dormition au profit de ceux évoquant l'assomption (p. 6, n. 10).
Vient ensuite la première partie, évidemment la plus étoffée : les sources littéraires représentées par les textes apocryphes, patristiques et topographiques. Dans l'introduction de ce chapitre (p.43-73), l'Auteur, après avoir inventorié les travaux et les positions des spécialistes modernes concernant le classement des textes (Jean Rivière, Édouard Cothenet, Michel Van Esbroeck auquel S.CI. Mimouni se dit très redevable [en même temps que sa thèse présente thèse, en recueil, une rééditions de certains travaux du jésuite belge :
Aux origines de la Dormition de la Vierge. Etudes historiques sur les traditions orientales, Collected Studies Series, vol. 472, Aldershot, Variorum, 1995, VIII· 325 p., 1 fig. et 1 carte] et Emanuele Testa) propose une « nouvelle hypothèse de recherche » par rapport précisément au classement des textes apocryphes et patristiques sur le sort final de Marie : un graphique à représentation schématique (p. 72-73) fait apparaître la répartition des textes de l'histoire de la dormition et de l'Assomption, dans les différents groupes (ancien, intermédiaire et récent). Cette introduction n'est vraiment intelligible qu'après la lecture du dossier dans son ensemble.
Celui-ci est constitué tout d'abord par les témoins de la tradition littéraire syriaque (chap. 1 proprement dit, p. 75-113) considérés en général comme les plus anciens : sept textes apocryphes et patristiques en commençant par la Dormition syriaque (Clavis Apocryphorum N. T. n° 120) dont un témoin privilégié (British Museum, Add. 14484, f. 1r-5v) « ne saurait remonter au VIe s. » (p. 71), pour en venir aux deux homélies attribuées respectivement à Jacques de Saroug et à Jean de Birtha. La plupart des manuscrits syriaques ayant été retrouvé en Égypte, l'Auteur se demande si la tradition littéraire syriaque a exercé une influence sur la tradition copte. Sans les examiner, il signale les fragments d'une Dormitio christo-araméenne (Ms. des VIIe VIIIe s,) et les récits de la dormition incorporés dans les Vies de la Vierge syriaques (p. 76-77).
Le chap. II (p. 115-172) dresse l'inventaire de la tradition littéraire grecque qui va de la Dormitio du pseudo-Jean (BHG 1055-1056) au discours sur la dormition de Jean de Thessalonique (BHG 1444g, 1056), aux homélies attribuées à Théoteknos de Livias (révélée par le P.A. Wenger), à Modeste de Jérusalem, à Jean Damascène et à Germain de Constantinople (BHG 1083u, 1085, 1115, 1122, 1089, 1119, 1135, 1155) ; pour chacun des textes l'Auteur donne la description technique des témoins (transmission) et des éléments d'analyse littéraire, historique et doctrinale.
La riche tradition littéraire copte (chap. III, p. 173-210) comprend l'Évangile de Barthélemy (récit sahidique et récit bohaïrique ; Corpus Apocryph. N. T. 80, 130-131), les homélies sur la dormition ou sur l'assomption attribuées respectivement à Cyrille de Jérusalem, à Évode de Rome, à Théodose et à Théophile d'Alexandrie (BHO, 666-667, 671; CPG, 2625).
Le chap. IV étudie la tradition littéraire arabe (p. 211-237) constituée de dix textes qui ne présentent pas de caractères propres : version du pseudo-Jean et des homélies attribuées à Cyrille d'Alexandrie, à Cyrille de Jérusalem, à Théodose d'Alexandrie, à Théophile de Landra et à Cyriaque de Bahnasa (Carp. apocr. N.T., 140-147).
Il en est de même de la tradition littéraire éthiopienne (chap. V, p. 239-256) représentée par six textes (Ibid., 150·155). Transmise par de très nombreux témoins la tradition littéraire latine (chap. VI, p, 256·299) est ramenée ici à sept textes de Transitu (Pseudo-Jean, pseudo-Méliton de Sardes, pseudo-Joseph d'Arimathie et autres transitus latins, et les homélies attribuées à Cosmas Vestitor (Ibid., 110-117), tous destinés aux lectures liturgiques du 15 août. Cette tradition occidentale est relativement tardive, l'Église de Rome n'ayant adopté cette fête que sous le pape sicilien Serge 1, d'origine syrienne (687-701), alors que l'institution de la fête de la Dormition à cette date du 15 août remonte à un décret de l'empereur Maurice (582·602; cf. p. 67-68, n, 97),
Quant à la tradition littéraire géorgienne (Ibid. 170-174), elle ne constitue pas non plus une œuvre originale (chap. VII, p. 301-331), tout comme la tradition littéraire arméniene (Ibid., 160-164 ; chap. VIII, p, 319-344; le titre courant est répété par erreur jusqu'à la p, 352),
Le double tableau (p, 345-352) qui concerne d'abord la localisation de la « Maison » et du « Tombeau » de Marie et ensuite l'intervalle chronologique entre la mort de la Vierge et le transfert de son corps d'après les différentes traditions littéraires (p. 345-352), opère la jonction entre la première et la deuxième partie de ce dossier,
En effet, la deuxième partie de la thèse est consacrée à la tradition topologique sur le sort final de Marie, attestée par des localisations non seulement «à travers les sources historiques et archéologiques, mais aussi par les traditions littéraires quand celles·ci contiennent des indications topologiques» (p. 353-652),
Cette étude des lieux, « peu abordée jusqu'à présent, présente l'intérêt d'une approche absolument neuve de la question » (p.3), L'Auteur constate que, bien souvent sinon toujours, les sources littéraires livrent des données topologiques, mais il reconnaît que la distinction fondamentale introduite par lui dans deux réalités complémentaires et corrélatives (tradition littéraire et tradition topologique) peut paraître arbitraire et expose à des redites ; cependant, il la juge nécessaire pour la clarté de l'expose.
L'introduction (p, 357·370) apporte des précisions d'ordre épistémologique (tradition topologique de préférence à tradition toponymique) et méthodo-théologique (invention des reliques) en vue d'une meilleure approche (pluridisciplinaire et de synthèse) du problème.
Le chap. 1 embrasse la liturgie mariale de Jérusalem à l'époque byzantine (p. 370·471) : sources proprement liturgiques (fête de la « Mémoire » de Marie) et homilétique en commençant par l'homilétique grecque (Hésychius de Jérusalem, Chrysippe de Jérusalem, Athanase d'Alexandrie, Proclus de Constantinople, le pseudo-Grégoire le thaumaturge, Antipater de Bostra et Basile de Séleucie), pour continuer par l'homilétique égyptienne (pseudo-Théophane de Nicée CPG, 2628 ) et terminer par l'homilétique syrienne (Jacques de Saroug, Sévère d'Antioche). Sont notées ensuite les caractéristiques de la fête de la "Mémoire" de la Théotokos (un excursus : le cycle de la Nativité-Épiphanie à Jérusalem) et celle de la fête de la Dormition et de l'Assomption dans les différentes Églises orientales. En fin de chapitre sont recensées les sources hymnographiques.
Dans le deuxième chap. M. Mimouni passe en revue les traditions de Jérusalem et des environs sur la maison de Marie : Béthesda, Getsémani, Bethléhem, Sion (p. 473-548), pour déboucher sur un tableau (p. 548) qui synthétise graphiquement les attestations littéraires relatives aux traditions de la Domus Mariae.
A la tradition de Jérusalem sur le tombeau de Marie s'intéresse le chap. III (p,549·584): les sources littéraires (récit de l'Histoire Euthymiaque avec la traduction française de la recension grecque interpolée et de sa version arabe, p, 580-584) et autres, archéologiques surtout, Cet inventaire raisonné veut apporter «une contribution essentielle à l'histoire de Jérusalem chrétienne et byzantine»,
La tradition d'Ephèse sur la maison et le tombeau de Marie occupe le chap. IV (p. 585-597).
Le chap. V est consacré aux traditions sur les reliques de la Sainte Vierge (vêtement et ceinture) (p. 599-652), d'abord à Constantinople (surtout le récit de Galbios et Candidos ; un excursus examine la tradition textuelle de la double recension, p. 604-617 ; 646-652) en visitant les sanctuaires des Blachernes et des Chalcoprateia), puis Jérusalem, dans la tradition strictement littéraire.
La conclusion (p. 653-674) refuse d'établir un bilan définitif ; elle se contente de résumer les grandes lignes de l'enquête principalement préoccupée de dresser « le fichier signalétique » de chacun des textes retenus. Elle essaie enfin de brosser le contexte historique et religieux (croyance en l'assomption avec ou sans résurrection) des traditions anciennes sur le sort final de Marie. Sans prétendre résoudre toutes les difficultés et tout en reconnaissant l'état lacunaire des sources (de nouveaux témoins peuvent être découverts), l'étude de S. Cl. Mimouni, moins soumise que d'autres aux "préjugés théologiques" vise à contribuer à démêler l'écheveau qui constitue l'ensemble des traditions sur le sort final de Marie, ensemble disparate et en provenance d'horizons divers. Elle se propose en tout cas de livrer en bref le résultat "provisoire" de la recherche, à partir d'une double constatation au sujet du développement des croyances mariales, développement qui se situe 1) non pas dans le sillage (primitif) de la christologique résurrectionnelle, mais dans le sillage de la christologie incarnationnelle (dont le développement n'est pas antérieur à la seconde moitié du IVe s.), d'où le caractère relativement tardif des croyances mariales : « pas avant la fin du IVe s. voire le début du Ve, du moins dans leur manifestation liturgique »; 2) la doctrine mariale s'est développée dans le cadre des conflits eschatologiques du Ve s, : après le concile de Chalcédoine (451), on assiste à la naissance, dans les milieux monastiques de Jérusalem, des traditions relatives à la croyance touchant le sort ultime de la Mère de Dieu ; vers la fin du VIe s. (décret de l'empereur Maurice), ces traditions s'imposent aux melkites (chalcédoniens) qui, sans doute, récupérèrent et restaurèrent l'église de Gethsémani, haut-lieu des monophysites de Jérusalem, D'où l'apparition d'homélies sur la dormition avec l'affirmation plus ou moins claire de la croyance en l'assomption avec résurrection (Théoteknos de Livias, Modeste de Jérusalem, André de Crète, Jean Damascène, Germain de Constantinople).
La bibliographie (p. 675-716) « classée de manière raisonnée », d'après la problématique de la recherche, mais «fort rarement commentée », se veut sélective quant à la bibliographie de base (instruments de travail, littérature apocryphe et patristique) et aux études annexes, et « quasiment exhaustive » quant aux traditions littéraires et topologiques, Elle mentionne aussi les études iconographiques, bien que cette partie du dossier ne figure pas dans l'exposé, contrairement à ce que laisse entendre l'introduction générale : « les traditions relatives au sort final de Marie ont été à l'origine des innombrables représentations iconographiques, notamment dans l'Orient chrétien. De ce point de vue, notre étude pourrait apporter des éléments succints permettant d'en comprendre la genèse et l'évolution des programmes » (p. 2), Une étude de ce genre eût sans doute constitué la matière d'un second tome, tandis qu'un troisième aurait pu être la table onomastico-analytique et des manuscrits, le présent volume étant totalement dépourvu d'index.
L'Auteur atteste par ce gros ouvrage sa capacité, non seulement de dresser le fichier signalétique des textes anciens, mais encore de dominer cet « ensemble imposant et complexe » et son habileté à frayer des pistes nouvelles dans les taillis et le fouillis des affirmations et des hypothèses que les mariologues ont multipliées, surtout en la seconde moitié du XXe s., depuis la définition de 1950, à propos de la genèse et du développement de la foi en l'assomption de la Théotokos, Sa maîtrise du sujet l'autorise à censurer, ici et là, les avis des théologiens chevronnés, des chercheurs qualifiés et des archéologues avertis, reconnus du reste par l'Auteur lui-même comme d'« éminents spécialistes de la question » (p. 82), C'est ainsi qu'il considère comme « un pur concept » le judéo-christianisme élaboré par Jean Daniélou (p. 85, n.43) et qu'il estime « peu fondée », « difficilement recevable », « difficilement acceptable », ou « fort discutable », « sujette à caution », ou « trop tranchée », ou encore « pas vraiment déterminante », voire « intenable » telle position, telle hypothèse, telle argumentation de M. Jugie, d'A. Wenger, de M. Van Esbroeck, de Jean Rivière, d'E. Testa, de D. Baldi, de B. Bagatti, de C. Renoux, etc. (p. 52, n. 44 ; p. 53, p. 70, n. 97 ;p.81, p.267, p. 269, n.43 ; p. 284, p. 464, p. 491, p. 496, p. 497, n. 103 ;p. 576-77, p. 591, etc.), Nul n'est épargné, parce que nul n'est infaillible, surtout dans un domaine aussi nébuleux que celui de l'eschatologie, merveilleusement illuminé par l'Assomption de Notre-Dame.
Évidemment, il est permis de ne pas être toujours d'accord avec la solution proposée par l'Auteur, à tout instant prêt d'ailleurs à admettre que celle-ci « relève forcément du domaine de l'hypothèse ». Il faut en tout cas reconnaître l'immense érudition d'un auteur qui ne laisse de côté aucun des documents inscrits dans les limites chronologiques imposées à sa recherche. Puisqu'il s'adresse à des savants on pourrait souhaiter que la masse de la matière manipulée soit quelque peu allégée, là où l'Auteur s'est cru obligé d'étoffer son propos par des notes explicatives sur l'Hénotique (p. 168-169, n. 376), sur Grégoire de Tours (p. 269, n. 93) ou sur le monophysisme (p. 671, n. 36), quoi qu'il en soit de l'importance de la « mouvance monophysite » quant à l'apparition et au développement de la fête de l'Assomption de la Théotokos,
S. Cl. Mimouni fait simplement allusion au passage bien connu du Panarion où saint Épiphane de Salamine exprime sa totale incertitude touchant les modalités de la fin terrestre de la Mère de Dieu (Haer., 78, 24), Il effleure d'abord le texte (p. 86, n. 46) en référence à l'argument qu'en tirait G. Jouassard contre la très haute antiquité des transitus apocryphes défendue par E. Cothenet (cf. J. GALOT, dans Maria, éd. H. du Manoir, VII, p. 164-167). Il l'évoque ensuite à propos de l'interprétation qu'en donnait M. Jugie : « Le fait de la mort de Marie reste douteux pour lui »; [Épiphane] (La mort et l'Assomption, p. 81). « Épiphane, écrit par contre S. Mimouni, ne met pas en doute la mort de Marie, il dit simplement de ne rien savoir à ce sujet » (p. 492). Or, que dit exactement l'auteur du Panarion ? : « Je n'affirme pas cela [enlèvement de Marie sans passer par la mort] d'une manière absolue et je ne dis pas qu'elle demeura immortelle, mais je ne décide pas non plus qu'elle est morte » (Haer., 78, 11 ; trad. M. Jugie, op.cit. p. 78). Épiphane n'en reste pas simplement au plan de la non-science ou de l'ignorance touchant la mort de Notre-Dame ; il suggère prudemment l'hypothèse de la non-mort. N'est-ce pas, d'une certaine manière, laisser planer un doute sur cette mort ?
Dans le même ordre d'idées, puisque l'Auteur me fait l'honneur d'une citation (p. 16, n. 42), je ferai remarquer que la position de M. Jugie que j'avais résumée et qui semble étonner M. Mimouni m'a été maintes fois formulée par le « célèbre Père Assomptioniste » au cours de nos conversations quotidiennes sur les bord du Tibre de 1947 à 1953. Mise à part, évidemment, la foi en la glorification corporelle de la Mère de Dieu, le P. Jugie se ralliait, quant au fait de la mort de la Vierge, à l'opinion d'Épiphane (incertitude totale). Malgré sa préférence pour l'hypothèse immortaliste, M. Jugie accordait une certaine valeur à l'opinion mortaliste qu'il savait dominer toute la tradition. En quoi cela est-il "curieux" ? Ajoutons encore que notre savant confrère, très sérieux d'habitude, souriait non sans malice en voyant les efforts tentés par certains, même en Congrès, pour faire « condamner à mort » l'Immaculée, dans la perspective de la proclamation dogmatique de 1950.
L'imposant ouvrage que je viens de présenter se veut un travail préliminaire à une édition et à une étude critiques des sources touchant le sort final de Marie. Sans aucun doute, l'Auteur est tout désigné pour conduire à bonne fin une telle entreprise, Directeur d'études à la section des sciences religieuses de l'École pratique des Hautes Études de Paris où il occupe la chaire « Origines du christianisme », ce spécialiste (de surcroît) du judéo-christianisme ancien est responsable de la revue Apocrypha et il annonce un projet d'édition de textes sur la Dormition et l'Assomption pour la Series apocryphorum du Corpus Christianorum. A l'heure où j'écris (mars 1997), je n'ai pas encore eu le bonheur de lire les articles que S. Cl. Mimouni disait devoir paraître dans la revue Marianum « Histoire de la recherche relative aux traditions littéraires et topologiques sur le sort final de Marie » ; et « De l'Ascension du Christ à l'Assomption de la Vierge à partir des Transitus Mariae » à paraître dans D. Iogna-Prat, E. Palazzo, D. Russo (éd.), Marie dans tous ses états. Réflexions d'histoire sur le culte de la Vierge au Moyen Age. Les lecteurs qui auront eu la patience - et ils seront nombreux - de parcourir le monument que voici ne laisseront désormais plus rien passer de ce que S. Cl. Mimouni produira sur un sujet dont il est aujourd'hui un des guides les mieux informés.


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