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04. ANDREA RICCARDI, SANT'EGIDIO, ROME ET LE MONDE

04. ANDREA RICCARDI, SANT\'EGIDIO, ROME ET LE MONDE

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Date d'ajout : mercredi 19 août 2015

par E. GOICHOT

REVUE : REVUE D'HISTOIRE ET DE PHILOSOPHIE RELIGIEUSES

On a entendu parler, en France, de la communauté de Sant'Egidio (notre saint Gilles) à l'occasion de la « plate-forme de Rome », l'accord-programme qu'y avaient conclu en janvier 1995 les partis de l'opposition algérienne. Quelques-uns, mieux informés, connaissent le rôle capital qu'elle a joué pour mettre un terme à la guerre civile au Mozambique, ou l'action qu'elle poursuit au Guatemala. Ces bribes d'informations risquent de donner une image biaisée de la communauté : une puissance occulte, apparentée à ce qu'on raconte de l'Opus Dei. Voici donc un livre bienvenu. Deux historiens lyonnais, familiers de l'Italie, ont interrogé le fondateur, lui-même historien éminent (il est l'auteur, entre autres, d'un « classique » de l'histoire religieuse contemporaine, Roma « città sacra » ?) et professeur à la Sapienza. Il évoque discrètement un itinéraire religieux - d'abord en marge de l'Église officielle - et le développement inattendu d'une expérience. En 1968, un petit groupe d'élèves du lycée Virgile, un lycée « bien » du centre de Rome, désireux de « changer l'homme », découvre la misère des borgate, les bidonvilles de la périphérie romaine. Quelques années après, ils s'installent dans un couvent désaffecté (qui donnera son nom à la fondation) du quartier populaire du Trastevere. Ils y travaillent auprès des personnes âgées, des handicapés, des étrangers (en particulier ceux qu'on appelle en Italie les « extracommunautaires ») et maintenant des malades du sida. Si des prêtres viennent se joindre à eux, ce n'est pas une communauté de religieux et les membres ont une activité professionnelle. A Rome et dans sa banlieue, un « archipel de communautés » se rattache à Sant'Egidio. Sur ce modèle, d'autres se sont créées dans une dizaine de villes d'Italie, un peu partout en Europe (jusqu'à Kiev et Moscou, avec une forte majorité d'orthodoxes) et, plus récemment, en Afrique et en Amérique latine. Aujourd'hui, les communautés regroupent 15.000 membres au total (10.000 en Italie, dont 7.000 à Rome). Au-delà de ces chiffres, si Sant'Egidio est « romain » et reconnu par l'évêque de Rome, c'est une expérience ouverte, en particulier aux autres confessions et aux religions non-chrétiennes. Dans cette perspective, elle prolonge la « rencontre d'Assise » de 1986 par de rassemblements annuels dans diverses villes européennes.
Le livre paraît dans une collection qui s'intitule « politique et chrétiens » (section « valeurs et politique »). Il reste donc - et on peut le regretter - cursif sur l'organisation concrète de la communauté et ses activités (quelques indications cependant sur la place de la liturgie et de la prière commune). Il s'attache surtout à montrer que Sant'Egidio n'a pas voulu passer de l'engagement contre la pauvreté à la défense de la paix, mais considère qu'il n 'y a pas « de différence entre la solidarité avec les pauvres et la solidarité avec les peuples pauvres », car « la guerre est comme la mère de toutes les pauvretés ». Riccardi récuse l'idée d'une « politique chrétienne », mais estime nécessaire d'« unifier la politique et le monde des chrétiens », de « sensibiliser la société aux valeurs dont nous sommes porteurs et témoins ». Ce qui engage bien une réflexion politique remarquablement informée, dans les deux sens du terme. Elle est nourrie par une culture historique et attentive à tous les échos du monde (une liste des amis et visiteurs de Sant 'Egidio serait impressionnante à cet égard). Et c'est l'esprit de la communauté qui lui donne forme : « Nous ne devons pas jouer au petit ONU mais nous devons tenir ouvertes portes et fenêtres et rester à l'écoute de toutes les douleurs ». Refuser les discours de la peur n'entraîne pas à céder aux considérations lénifiantes sur les vertus du dialogue - « un choix qui engage toute une époque, qui se joue sur le siècle et implique les opinions publiques, les masses ». Andrea Riccardi veut laisser de Sant'Egidio l'image d'une « communauté en prière » - comme le lieu où s'enracinent ces deux vertus « politiques » : le silence - « la prophétie du silence » - et la patience - « une patience géologique ».


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