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09 - LES SCIENCES RELIGIEUSES DE 1800 A 1914

09 - LES SCIENCES RELIGIEUSES DE 1800 A 1914

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Date d'ajout : vendredi 22 janvier 2016

par Pierre COLIN

REVUE : REVUE D'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE, 2, 1997

Après des volumes sur les Jésuites ou les Protestants, après des études régionales, l'entreprise de Jean-Marie Mayeur et Yves-Marie Hilaire se poursuit avec ce neuvième volume sur Les Sciences religieuses. Il faut féliciter les éditeurs et surtout le maître d'œuvre de ce volume : François Laplanche a lui-même rédigé de nombreuses notices, mais il a surtout réuni quelques cent quarante spécialistes et je puis témoigner qu'il en a suivi de près le travail, afin de parvenir à la meilleure homogénéité d'un ensemble qui ne devait en toute hypothèse pas être uniforme.
On retiendra l'excellente introduction, d'autant plus nécessaire que la délimitation du thème et le choix des entrées retenues n'allaient pas de soi. Sans doute s'imposait-il de partir du début du XIXème siècle et de s'arrêter en 1914, mais on n'a pas vraiment affaire aux mêmes problématiques d'un bout à l'autre de ce siècle fertile en événements politiques, mais aussi en initiatives intellectuelles. Le sens même de l'expression "sciences religieuses" change en cours de route. Laplanche montre que, si, au départ, les sciences religieuses s'identifient aux sciences sacrées, il se produit vers les années 1860 un changement radical d'orientation. Les sciences philologiques et historiques prennent en charge le problème de la religion, de sorte que l'expression de "sciences religieuses" reçoit un nouveau sens officialisé par l'ouverture en 1886 de la 50 section de l'École Pratique des Hautes-Études, qui leur est consacrée.
Il est dès lors normal que ce tome du Dictionnaire du monde religieux s'intéresse à des auteurs qui n'appartiennent pas vraiment au monde religieux comme tel, mais qui ont participé à constituer le milieu intellectuel par rapport auquel les hommes religieux se sont situés Ainsi voit-on paraître des archéologues, des astronomes, des géologues, des historiens, des linguistes, des philosophes, des physiciens, des psychiatres… bref tout un monde au sein duquel émergent les auteurs qui, à la suite d'Eugène Burnouf, sont à l'origine d'une nouvelle science des religions, indépendante des engagements confessionnels. Les lectures théologiques des textes bibliques et de l'histoire religieuse occidentale sont ainsi remises en question. Or, ce que montre bien l'ouvrage, c'est que, si ce nouvel esprit scientifique atteint plus gravement la conception catholique, elle met aussi en cause la représentation des protestants, voire celle des juifs.
Même si un Dictionnaire est surtout fait pour être consulté sur tel ou tel auteur auquel on s'intéresse particulièrement, l'ouvrage dirigé par Laplanche mérite d'être parcouru autrement. Certes l'absence regrettable d'un Index nominum rend plus difficile la circulation entre les notices. Mais ces dernières comportent souvent elles-mêmes des renvois utiles. De sorte que l'on voit s'esquisser quelques itinéraires. Tel celui qui partant du début du siècle s'étonnerait - de ne pas trouver Chateaubriand, mais suivrait la lignée des traditionalistes avec Louis de Bonald, Joseph de Maistre et leurs successeurs. Ou encore celui qui partant de Lamennais suivrait l'inspiration mennaisienne chez des auteurs tels que Gerbet, Lacordaire, Montalembert, Salinis, ou quelques autres moins connus.
Il serait également intéressant de repérer des catégories telles que les évêques, les professeurs de séminaire ou d'université Mais je me suis plus volontiers attaché aux protagonistes de la crise moderniste : historiens, exégètes ou philosophes. Par rapport à l'étude de cette crise, l'intérêt du volume sur Les Sciences religieuses est d'attirer l'attention sur la manière dont elle se prépare au long du XIXème siècle avec cette "science catholique" que l'avènement des nouvelles sciences religieuses mettra radicalement en question. Mais on voit aussi qu'à travers l'application des méthodes "scientifiques" aux textes bibliques ou à la tradition chrétienne, se pose le problème beaucoup plus fondamental de la liberté de l'esprit. Comme le dit Laplanche, "les juifs et les protestants voient l'Église catholique comme le lieu par excellence où se trouve réprimée la liberté de penser", mais il note également que "la fracture entre la tendance conservatrice et la tendance libérale est nette aussi bien dans le judaïsme que dans le protestantisme". La rencontre plus ou moins difficile avec la modernité s'opère sans doute aussi sur d'autres terrains dont l'étude est réservée au volume sur les militants du catholicisme social. Mais en ce qui concerne le choc de la modernité intellectuelle, même si l'on peut toujours regretter telle ou telle absence, on trouvera des notices d'autant plus intéressantes qu'elles ne concernent pas seulement les protagonistes les plus connus, mais des auteurs dont les noms ne sont rendus familiers que par la fréquentation des revues de l'époque : tels un Bricout, un Ermoni ou un Vénard… Le dépouillement plus systématique des revues figure d'ailleurs parmi les indications de travail que donne François Laplanche, indications qui contribuent à faire de son ouvrage un véritable instrument de la recherche.


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