REVUE : REVUE HISTORIQUE DE DROUT FRANÇAIS ET ÉTRANGER, janvier 1997

L'ouvrage porte en sous-titre: Le XIXe siècle, 1800- 1914 ; ces limites chronologiques sont parfois franchies, et nul ne s'en plaindra, qu'il s'agisse de Jean Calvet (que j'ai connu recteur à l'Institut catholique de Paris, décédé en 1965), de Joseph Dedieu (oratorien : 1979-1960) de Champagne de Labriolle (docteur ès lettres en 1914, décédé en 1940), de Marcel Israël Mauss, qui vécut de 1907 à 1950, etc. etc.
Ce dictionnaire se présente comme un instrument de travail, essentiellement consacré à 714 notices biographiques fort complètes, assorties d'une bibliographie des ouvrages essentiels. On y trouve tous les auteurs qui ont, peu ou prou, consacré leur carrière aux sciences religieuses : théologiens, historiens des religions, médecins, savants, philosophes… et même canonistes (un peu oubliés aujourd'hui, tels Eugène Grandclaude ou Henri-Joseph Icard, dont les Praelectiones juris canonici connurent sept éditions).
Le maître d'œuvre de ce bel ouvrage est François Laplanche, spécialiste reconnu de l'histoire de l'exégèse qui, dans sa plus récente production (La Bible en France entre mythe et critique, XVIe-XIXe siècle) a insisté sur l'originalité de la pensée du XIXe siècle : il a rédigé une ample introduction (p. I-XXV), ainsi qu'une précieuse orientation bibliographique. Et surtout, il a su trouver, pour la rédaction des articles, les spécialistes les plus renommés : Claude Bressolette pour le doyen Maret, Bernard Plongeron pour l'abbé Grégoire, Brigitte Waché pour Mgr Duchesne, Jacques-Olivier Boudon pour Lavigerie, etc., etc.
Aucun auteur sérieux n'a été négligé. Parmi les figures de proue du judaïsme, on notera Samuel Cahen (1796-1862), Joseph Salvador (1796-1873), Joseph Halévy (1827-1917) et Zadoc Kahn (1839-1905), sans oublier David Drach, rabbin passé au catholicisme (1791-1865). Parmi les pasteurs et théologiens protestants (assez nombreux) on signalera le cas particulier de Timothée Colani qui, après avoir abandonné toute activité pastorale après la guerre de 1870, finira ses jours comme sous-bibliothécaire à la Sorbonne. Aucune grande religion n'a été omise : Paul Foucard (1836-1926) traite des associations religieuses chez les Grecs ; Philippe Foucaux (1811-1894) enseigne l'histoire du bouddhisme au Collège de France ; Champollion (1790-1832) étudie le panthéon égyptien ; Silvestre de Sacy (1758-1838) s'intéresse à l'Islam et son œuvre principale est consacrée à l'Exposé de la religion des Druzes, etc. Les médecins n'ont pas été négligés : Paul Brouardel (1837-1906), François Broussais (1772-1838) qui compare le culte catholique à un opéra et les prédicateurs à des comédiens ; Jean-Martin Charcot (1825-1893), qui écrit « la foi qui guérit » où il admet des guérisons dites « miraculeuses », etc. Les hommes politiques sont signalés, tel Ferdinand Buisson (1841-1932) qui n accorde aucun crédit aux religions positives mais qui croit au sentiment religieux, ou André Dupin qui fut député puis sénateur, célèbre procureur général de la Cour de Cassation de 1830 a 1852, qui rédigea un fameux Manuel de droit public ecclésiastique français, mis en cause par plusieurs évêques.
On apprend beaucoup à parcourir ce dictionnaire original, même sur des personnages plus ou moins célèbres que l'on croyait connaître (Laennec, Mathiez, Proudhon, etc.) et combien d'autres, moins célèbres, qui nous sont révélés et qui retiennent l’attention…
Faut-il avancer quelques critiques (sans importance) pour montrer le soin avec lequel nous avons lu ce bel ouvrage ? Fautes de frappe, inéluctables dans un travail de cet ampleur (p. ex p. 198, Jean-Marie Doney est né le 25-11-1974 et décédé le 21-01-1971). Oublis bibliographiques (ainsi, le dernier ouvrage sur Gustave Lebon est celui de Catherine Rouvier, préfacé par Edgar Faure en 1986). Faisons fi de ces détails et remercions la centaine de collaborateurs qui, sous la houlette de François Laplanche, nous offrent un instrument de recherche dont l'impartialité force l'admiration.