Editions BEAUCHESNE

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11. JEAN-BAPTISTE DE LA SALLE - Expérience et enseignements spirituels. Annoncer l’Évangile aux pauvres.

11. JEAN-BAPTISTE DE LA SALLE - Expérience et enseignements spirituels. Annoncer l’Évangile aux pauvres.

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Date d'ajout : mardi 23 mai 2017

par R. DARRICAU

REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE

Ce volume se situe entre l'article du Dictionnaire de spiritualité (paru en 1973) qui est à son point de départ, et les dernières recherches qui ont pu être poursuivies depuis cette date sur l'histoire et la spiritualité du fondateur de l'Institut des Frères des écoles chrétiennes. Deux raisons essentielles ont amené la publication de cet ouvrage en dépit de son caractère peut-être un peu prématuré. D'abord, une attente souvent exprimée. « Depuis le chapitre général de 1966-1967, les Frères des écoles chrétiennes manifestent un intérêt renouvelé pour la pensée de leur fondateur. Ils éprouvent un plus vif besoin de rejoindre authentiquement l'intention spécifique et l'esprit de Jean-Baptiste de La Salle au moment où les mutations du monde et de l'Église obligent l'Institut à reconsidérer les formes de son apostolat et de son existence communautaire. La fidélité de la vie religieuse des Frères des écoles chrétiennes au charisme originel, l'unité vivante d'un Institut qui se décentralise et se diversifie, postulent ce ressourcement fondamental ». L'apport des études de ce genre, en cours un peu partout dans l'Institut, était une autre incitation à tenter l'entreprise. C'est pourquoi les auteurs n'ont pas hésité à l'engager, divisant leur propos en trois parties intitulées successivement ; « Gratifiés par Dieu de dons spirituels pour annoncer l'Évangile aux pauvres » ; « Envoyés pour annoncer l'Évangile aux pauvres par l'œuvre des écoles gratuites » ; « Une fraternité suscitée par Dieu pour annoncer l'Évangile aux pauvres ».
On sait comment Jean-Baptiste de La Salle, chanoine du chapitre métropolitain de Reims, fut amené à renoncer à son canonicat et à mûrir le grand dessein des écoles populaires gratuites qui donneraient à la jeunesse l'éducation complète dont elle avait besoin, en n'excluant pas les riches d'écoles fondées pour les pauvres. Ce qu'il propose aux maîtres rassemblés autour de lui, c'est l'existence non d'un pédagogue salarié, mais l'idéal religieux d'une existence consacrée à Dieu, en vue d'un apostolat ecclésial d'éducateur chrétien. A ses yeux, l'objectif essentiel de la pastorale scolaire devait être de faire vivre chrétiennement la plupart des enfants confiés au soin des maîtres, non par contrainte, mais par une conviction intime inspirée d'une grâce de Dieu obtenue par la prière des maîtres. Toute sa spiritualité va s'organiser en fonction de ce dessein précis. C'est à ce dessein, indissolublement lié à l'itinéraire spirituel de saint J.-B. de La Salle, que nos auteurs se sont attaqués.
A cette fin, ils commencent donc par rappeler « quelques données concrètes de cette expérience lasallienne de la présence active de Dieu dans sa propre histoire de fondateur ». Cette étude leur fait découvrir rapidement que « la référence ultime de l'enseignement spirituel lasallien est le « mystère ». Mais ce mystère s'accomplit « actuellement dans l'histoire des Frères. C'est cette actualité du mystère dans leur propre existence que le fondateur invite les Frères à la fois à contempler, à célébrer et à vivre, en en percevant la grandeur à la lumière de l'ensemble du dessein de Dieu auquel il appartient et en en découvrant les exigences concrètes dans le détail de leurs ministères ». Partant du don de l'Esprit que constitue l'appel au ministère, J.-B. de La Salle l'amplifie en montrant à ses disciples qu' « en leur don s'exprime et s'accomplit le dessein de Dieu ; il l'élargit et l'approfondit en y faisant percevoir la réalisation, pour les Frères et pour leurs élèves, de la vie trinitaire, de laquelle ils sont rendus participants ».
Mais cette vision de l'enseignement spirituel de J.-B. de La Salle serait incomplète s'il n'était envisagé qu'à partir du « mystère », même actualisé dans l'histoire. De fait, une lecture attentive des écrits du saint fondateur montre que « son engagement part aussi certainement d'un autre donné, celui de la situation de fait des Frères, de leur expérience quotidienne : leur engagement concret au service des enfants pauvres et abandonnés, les modalités et les détails réalistes de ce service éducatif » ; mais cette histoire quotidienne, c'est à ses yeux « l'histoire du salut qui s'actualise en eux et pour leurs disciples ». Dans cette histoire, si modeste soit-elle, c'est le « mystère » du Dieu sauveur des pauvres qui s'accomplit. En vivant leur mission, en accomplissant qualitativement leur ministère, les Frères « répondent à l'appel de Dieu, travaillent à l'œuvre de Dieu, entrent vitalement dans le dynamisme du mystère du Christ, venu sauver les pauvres et les pécheurs, Bon Pasteur qui délaisse en quelque sorte les brebis fidèles pour partir à la recherche de la brebis perdue ». On comprend dans ces conditions pourquoi J.-B. de La Salle, en s'entretenant avec les Frères de leur relation personnelle avec Dieu, ne peut s'empêcher en même temps d'évoquer leur relation avec les enfants: c'est pour aller à Dieu que Dieu les a choisis personnellement ; c'est en les suivant qu'ils réalisent le dessein de Dieu sur eux ; c'est sur ce service qu'ils seront finalement jugés par lui. Inversement, il n'évoque pas la relation éducative entre le Frère et ses élèves sans mentionner aussi la relation personnelle à Dieu que ce ministère signifie et demande, « car si Dieu lui a confié des enfants », c'est en définitive pour qu'ils travaillent à les introduire dans le mystère de son alliance, cherchant à les « engendrer à Jésus-Christ » et à engendrer Jésus-Christ en eux ». Aussi, toute la vie spirituelle des Frères, toute leur pédagogie est orientée dans ce sens.
Ce programme ne pouvait être réalisé sans l'organisation d'une très solide communauté. Les auteurs ont compris très profondément l'importance de celle-ci et lui ont consacré un très important chapitre, extrêmement neuf, et dont la portée dépasse largement le cadre de l'Institut des Frères. Cette communauté devait être une reproduction de celle de Jérusalem. Toute l'histoire des origines de la fondation lassalienne va dans ce sens. Ces pages sont à lire et à méditer pour qui veut comprendre la pensée du fondateur et l'histoire de son Institut. C'est dans la perspective du développement de cette communauté que le fondateur a écrit ses ouvrages spirituels et donné un enseignement complet sur la prière. J.-B. de La Salle est un bon témoin « de la doctrine classique sur la nature et la nécessité de la prière, ses conditions, ce qu'il faut y demander, ceux auxquels elle s'adresse, les différentes manières de prier ». Il veut que la prière dont il enseigne les éléments soit un appel au renouvellement continuel dans l'Esprit, dans l'abandon total à Dieu et à la conduite de son Esprit. Il veut chez ses Frères « une présence vivante, une force agissante et transformante, celle de l'Esprit-Saint ». En bref, il conseille l'oraison de simple regard ou de quiétude.
Pour les auteurs de ce volume, la méditation de la Pentecôte leur semble dès lors résumer fortement toute la spiritualité de saint J.-B. de La Salle. « Priez Dieu qu'il vous fasse aujourd'hui la même grâce qu'aux saints apôtres et qu'après vous avoir remplis de son Esprit pour vous sanctifier, il vous le communique aussi pour le salut des autres » « Méditation pour tous les dimanches de l'année », p. 43, dans Cahiers lasalliens, 12).
Au terme de cette rapide esquisse, quel bilan peut-on dresser ? Il est hors de doute que cet ouvrage n'aurait jamais vu Le jour sans la publication de l'Histoire générale de l'Institut des Frères des écoles chrétiennes par G. Rigault ; du travail du Frère Alphonse : A l'école de saint Jean-Baptiste de La Salle (Paris, 1952) ; des articles du P. Rayez, consacrés à la spiritualité du saint ; des recherches patientes et si éclairantes du Frère Yves Poutet ; sans les admirables publications de textes faites dans les Cahiers lasalliens. Il ne prétend pas davantage épuiser la question. Il souhaite pouvoir apporter « quelque nourriture à ceux qui avec courage « consomment leur vie » pour incarner dans leur milieu le charisme lasallien en cherchant à annoncer l'Évangile à une jeunesse souvent désemparée ». Il espère susciter « pour demain de plus larges investigations », stimuler d'autres « lectures» de J.-B. de La Salle même, inciter « à de nouveaux approfondissements d'un message spirituel dont l'actualité nous paraît souvent brûlante, en dépit des différences de situation, de problématique et de langage entre le grand siècle français et notre monde de ce dernier quart du XXe siècle ».

Dans ces perspectives, il faut d'abord formuler le vœu que les Cahiers lasalliens continuent à paraître régulièrement : ils constitueront les indispensables Monumenta lasalliana. Il faut ensuite attirer l'attention sur la valeur irremplaçable qu'aurait la publication de la troisième partie de la thèse du Frère Yves Poutet qui est consacrée aux sources de la pensée du saint, comme du Vocabulaire lasallien qui se trouve sur fiches à la Maison généralice à Rome. Cette documentation ne modifierait pas les résultats maintenant acquis; ils contribueraient cependant à préciser quelques nuances, et à fixer plus clairement tel aspect particulier de la spiritualité du personnage. On peut d'ores et déjà se demander par exemple si l'insistance, très louable en soi, mise sur la pauvreté demeurera au premier plan et si elle ne disparaîtra pas devant celui de sainteté par l'école, qui rend compte peutêtre plus vigoureusement des pulsions intérieures qui animaient l'âme du fondateur. On peut se poser la question aussi de savoir si dans une étude de spiritualité du type de celle-ci, il est opportun d'introduire avec force détails l'histoire de l'enseignement et de ses techniques. Pour ma part, je pense que l'examen de ces problèmes aurait intérêt à être renvoyé plutôt à la biographie critique du saint qui sera certainement écrite, d'autant que nous disposons présentement de trop rares travaux solides en ce domaine. Mais si on estime devoir en parler, pourquoi négliger de recourir à des recherches qui ont déjà fait leurs preuves en dépit de leur ancienneté, telles celles du chanoine E. Allain (dont le P. de Dainville faisait grand cas), ou

à des travaux comme ceux de Jean de Viguerie sur les Doctrinaires, d"Cl Mgr Papa sur le P. Barré, ou du Frère Yves Poutet dont une communication~;\ récente au 9ge Congrès national des sociétés savantes vient d'apporter un';::~ commencement de réponse à la question essentielle: l'action des enseignants ' fut-elle appréciable dans l'évolution de la piété du peuple au début du XVIIIe siècle? Enfin il faudra bien se résoudre à ne pas utiliser des ouvrages

de seconde main, mais à entreprendre des recherches longues et difficiles

afin d'aboutir à des conclusions sûres. Je songe par exemple à la littérature
qui a fleuri autour de Nicolas Roland. Il serait facile de dresser une liste d'exemples de ce genre. Ce souci de l'exactitude rigoureuse est la condition d'une grande œuvre.

Comme on le voit à la lumière de ces quelques notes, un long chemin a déjà été parcouru pour connaître les grandes tendances de l'âme de saint J.-B. de La Salle. Grâce à des efforts si nombreux et si méritoires, il se trouve être aujourd'hui un des mieux connus parmi les fondateurs d'ordres. Il s'agit maintenant d'affermir les résultats acquis, de les élargir sur les points qui paraissent en avoir davantage besoin, de les· intégrer dans les progrès de l'histoire sans les rendre tributaires des hésitations de celle-ci; car dans la nouvelle étape qui s'ouvre devant l'étude de la spiritualité lasallienne, il ne s'agit pas de lui appliquer les méthodes discutables d'une théologie critique, mais de la relier plus étroitement à ses sources bibliques et patristiques, à la tradition vivante de l'Église dont le saint était un témoin convaincu, en un mot de pénétrer encore plus profondément dans le secret des relations d'amour de son âme avec Dieu, ce qui est la définition même de la spiritualité.


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