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BB n°44 LA LITURGIE CATHOLIQUE AU XXe SIÈCLE. CROIRE ET PARTICIPER

BB n°44 LA LITURGIE CATHOLIQUE AU XXe SIÈCLE.  CROIRE ET PARTICIPER

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Date d'ajout : mardi 25 juin 2019

par FLORIAN MICHEL

REVUE : REVUE D’HISTOIRE DE L’ÉGLISE DE FRANCE

Le sujet abordé par l'ouvrage, issu d'un travail de séminaire de recherche qui s'est tenu à la faculté de théologie de l'université catholique de Lyon en 2012-2013, est d'une importance majeure, puisque l'ambition de l'auteur est de proposer une histoire synthétique de la liturgie catholique dans un long xxe siècle avec une double grille d'analyse : le « croire » et le « participer ». Sur le premier terme, on connaît l'adage, qui n'est simple qu'en apparence : lex orandi, lex credendi. La loi, la règle, la norme de la prière commune, viendrait définir de manière directe, mais analogique, la loi, la règle, l'objet de foi. Le terme « participer » a, quant à lui, un sens évolutif : c'est non seulement communier, mais c'est aussi au fil du siècle communier davantage, c'est-à-dire communier plus jeune et plus souvent, et c'est également mieux comprendre les Écritures et le rite (avec toute la difficulté de la mesure qualitative en la circonstance), et c'est encore traduire le latin, écouter le célébrant, dialoguer, lui répondre, donner un geste de paix à son voisin, chanter, appréhender le Mystère, etc.
Le point de départ de l'analyse de l'auteur (chapitre I) parcourt tout le XIXe siècle en une vaste fresque : des Institutions liturgiques de dom Guéranger à Solesmes (1840) jusqu'à la publication par Pie X en 1903 du motuproprio Inter pastoralis officiisollicitudines. Le terme de l'analyse, intitulé « Un regard sur notre temps » (chapitre XI), apporte des considérations sur la situation du « demi-siècle qui nous sépare de la constitution conciliaire sur la liturgie » (p. 273). En trois centaines de pages, ce sont en conséquence cent cinquante années qui sont proposées à l'analyse historique, même si l'essentiel du propos (neuf chapitres) se concentre sur les années 1920-1970. Quatre chapitres sont consacrés au moment conciliaire, le nœud de cette histoire : la genèse de Vatican II (chapitre VI), la constitution conciliaire (chapitre VII), la mise en œuvre de la réforme (chapitre VIII), l'évolution des rites (chapitre IX). L'auteur souligne avec précision chacun des moments de ce très long xxe siècle: le lendemain de la première guerre mondiale, le mouvement liturgique des années 1930, le pontificat de Pie XII, Vatican II, la réception immédiate de la réforme. L'auteur porte également, avec pertinence, son attention sur la géographie de cette histoire et sur les circulations et transferts du projet liturgique : Solesmes, Venise, Rome, les abbayes bénédictines belges et allemandes, les échos et les influences en France du mouvement liturgique, les effets de chauffe sur Rome, la genèse de la réforme conciliaire, les effets de retour et de diffusion, etc., avec parfois des analyses très locales (une paroisse lyonnaise, Notre-Dame de Paris dans les années 1930, p. 87-92) et des allusions à des événements précis (la consécration mouvementée de l'évêque de Moulins à Paris en 1850, p. 23). L'auteur joue remarquablement des différentes échelles spatiales et chronologiques de cette histoire de la liturgie. La synthèse proposée est à la fois structurée, précise, informée. Elle considère la question liturgique surtout, mais non pas seulement, en l'abordant selon la perspective de l'histoire des réseaux cléricaux, des rites et des textes (prescriptions, encycliques, décrets, instructions, mais aussi missels, textes normatifs, etc.).
Pour ce qu'il est, l'ouvrage est remarquable, et il sera utile. Une histoire de la liturgie catholique au xxe siècle aurait pu aussi, cela dit, donner l'occasion d'un autre livre, par la considération de la bibliographie récente, la prise en compte des légitimes problématiques contemporaines ou l'élargissement de quelques perspectives d'analyse. En 2015, aux Presses universitaires de Rennes, Nicolas de Brémond d'Ars a ainsi publié La liturgie catholique: quarante ans de pratiques en France, avec une préface de Danièle Hervieu-Léger, une problématisation complexe et une bibliographie très fouillée. En 2016, chez le même éditeur, a paru un volume collectif intitulé Liturgie et société : gouverner et réformer l'Église, sous la direction de Bruno Dumons, Vincent Petit et Christian Sorrel. Dès 2013, la liturgie avait été identifiée comme un « chantier d'histoire » du catholicisme dans un volume publié aux mêmes Presses universitaires de Rennes, qui indiquait des pistes et des questionnements et invitait aussi à une histoire plus large du fait liturgique. Sur le plan thématique, pour une future synthèse, de nombreux points seraient encore à préciser dans une réflexion commune. Il faudrait ainsi considérer la question du genre et analyser davantage le point de vue de la « nef des fidèles », qui n'est pas celui de la « sacristie » ; préciser le rôle du renouveau biblique et patristique dans le renouveau liturgique; rappeler l'expérience missionnaire, où la question du « latin », du croire et de la participation ne se pose pas dans les mêmes termes - euphémisme - que dans les pays de vieille chrétienté : quid de tout l'effort ancien de traduction liturgique vers les langues africaines, asiatiques, ou des tribus nord-américaines, etc. ? Il faudrait aussi évaluer les effets de la médiatisation des messes, radiodiffusées ou télévisées depuis 1949 : quel fut l'impact du Jour du Seigneur pour la mise en scène de la liturgie réformée? Quel degré de modélisation? de polémique? Il faudrait aussi envisager une histoire plus culturelle de la liturgie au xxe siècle ainsi qu'une histoire sociale et politique, voire (c événementielle », de la liturgie - les messes qui au xxe siècle ont fabriqué l'histoire de France: messe de la Libération de Paris en 1944, messe de la réconciliation franco-allemande avec de Gaulle et Adenauer (1962), messe des Journées mondiales de la jeunesse à Longchamp en 1997, les funérailles nationales à Notre-Dame, celles de Philippe Henriot, Georges Pompidou ou François Mitterrand, où le politique, le social et le liturgique se rejoignent. La réception au long cours de la réforme liturgique (chapitres x et, pour partie, XI) serait aussi sans doute à réordonner. La typologie doit être reprécisée du point de vue de l'efficience des critiques: certaines sont lettres mortes, d'autres au contraire sont reçues par les autorités ecclésiales, qui cherchent à y répondre et en tiennent compte avec de sensibles variations dans le temps. Les enjeux de réforme au carré, « la réforme de la réforme », en attendant la probable réforme au cube, sont à analyser. Ces remarques n'affaiblissent nullement la synthèse proposée par l'auteur, qui a atteint les buts qu'il s'était proposés, mais suggèrent des pistes complémentaires, parallèles, qui sont encore à explorer, pour une approche globale du fait liturgique au xxe siècle.


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