REVUE : L’ESPRIT COMTOIS n°6, octobre 2016

PORTRAITS DE GROUPE, AVEC OU SANS FOI
Un dictionnaire remarquable présente celles et ceux qui ont animé la vie religieuse dans
la Franche-Comté contemporaine, comme celles et ceux qui ont cherché à l’étouffer.
Voilà bien un ouvrage magistral dont le titre ne doit volume du Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine consacré à la Franche-Comté s’intéresse à toutes celles et ceux qui ont construit la vie religieuse dans la région, comme à celles et ceux qui ont plutôt cherché à la déconstruire, pour autant l’évêque de Besançon Fulbert Petit, en poste lors des inventaires, que le parlementaire Charles 
Avec Laurent Ducerf et Manuel Tramaux, l’historien Vincent Petit a mené à bien l’édition de cet ouvrage « D’emblée, explique Vincent Petit, notre ambition a été d’éviter de faire un dictionnaire des curés ou des bonnes sœurs, pour au contraire donner un derniers siècles dans notre région : syndicalistes, patrons chrétiens, savants, médecins, artistes, élus... » Le dictionnaire présente 762 notices individuelles ou familiales. « Nous avons voulu faire émerger des figures peu connues absentes des autres dictionnaires, sans oublier les « incontournables », comme sainte Jeanne-Antide Thouret, le docteur Philippe Grenier, Robert Schwint ou l’abbé Garneret. » L’ouvrage s’étend aussi à d’autres formes de religiosité et aux adversaires de la religion.

Sans prosélytisme
L’ouvrage, d’une qualité d’écriture remarquable, peut-il à travers ces personnages, dégager une histoire singulière du catholicisme comtois ? C’est un sujet que connaît bien Vincent Petit, qui a souvent analysé la place de cette religion dans la construction du sentiment comtois. « Le catholicisme franc-comtois, analyse Vincent Petit, longtemps déterminant pour l’identité de la son caractère populaire ; ce qui explique sans doute une certaine ouverture vers les problèmes sociaux. Nombre de curés étaient des fils de paysans et – puisque les écoles congréganistes ont toujours été en faible nombre dans la région. Un catholicisme patriote et démocratique, mais pas forcément libéral. ».
L’ouvrage propose ainsi de nombreuses notices qui concernent, via des personnalités, l’affaire Lip, la CFTC, la JAC, la JOC, les « cathos » et protestants de gauche. « Mais on trouve aussi beaucoup de chrétiens luttant contre les inégalités sociales dès le XIXe siècle. »
Appuyé sur une solide introduction qui cadre Franche-Comté, le livre propose par exemple de dans le protestantisme, de découvrir l’œuvre de l’écrivain Claude-Louis Combet ou de résistants comme les frères Larceneux.
Nous avons demandé à Vincent Petit de choisir trois noms. « Je choisis des gens simples et courageux qui ne font pas de prosélytisme. L’abbé Flory, archiprêtre de Montbéliard, qui met une étoile jaune sur le petit Jésus de la crèche de Noël en pleine occupation nazie. Suzanne Juillerat, plus connue sous le nom de sœur de Boujailles, qui soignait gratuitement tous ceux qui venaient la voir. Et le protestant Pierre Barbier qui renonce à l’alcool par ferveur religieuse… Autrement dit, des personnalités pour qui la religion n’est pas faite pour opprimer, pour se mettre en valeur, mais pour servir les autres sans rien attendre en retour. Une leçon d’optimisme et d’espérance en quelque sorte ! »