Editions BEAUCHESNE

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12. LOUIS VEUILLOT suivi de Témoignage d'Emile Poulat

12. LOUIS VEUILLOT suivi de Témoignage d\'Emile Poulat

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Date d'ajout : mercredi 23 décembre 2015

par E. GOICHOT

REVUE : REVUE D'HISTOIRE ET DE PHILOSOPHIE RELIGIEUSES, 1998, 4

Il y a un cas Veuillot. Voilà un écrivain qui, à son époque et dans les générations suivantes (le dernier hommage, assez tonitruant, lui fut rendu par Claudel en 1938), était considéré comme le plus grand en son genre et salué à ce titre même dans le camp opposé. « Ce fut, écrivait par exemple, Lanson dans son Histoire de la littérature française, un superbe pamphlétaire, dont l'absolu désintéressement, l'humilité profonde mirent à l'aise le tempérament […] ; il a écrit des pages qui vivront par la vivacité mordante de l'esprit ou par l'éclat violent de la passion ». Or, il paraît bien aujourd'hui complètement oublié. Les historiens évoquent encore son rôle dans les conflits politico-religieux du temps, mais comme du bout des lèvres : pour le catholicisme contemporain, c'est, sinon le squelette dans l'armoire, du moins l'ancêtre dont on voudrait dissimuler les frasques. On se condamne ainsi à ne plus comprendre tout un pan de notre histoire. Jean Touchard rappelait l'étonnante Gloire de Béranger, plus illustre en son temps qu'un Chateaubriand ou un Lamartine ; la Gloire de Veuillot lui fit pendant. D'un côté, l'aède des bourgeois ; de J'autre, celui des curés de campagne. Ne simplifions pas : Homais et Bournisien. Les choses sont beaucoup moins caricaturales.
Le livre de Pierre Pierrard est donc bienvenu. Il s'inscrit dans la perspective de la collection - « politiques et chrétiens » - et se conforme à sa formule : une étude suivie d'un choix de textes et complétée par un « témoignage ». Si l'anthologie peut paraître mince (une dizaine de pages), l'étude abonde en citations qui donnent une idée de la verve de Veuillot, de ses violences et de l'efficacité assassine de ses bonheurs d'écriture. Démarche mi-biographique, mi-thématique : elle souligne la simplicité et la générosité de l'homme, son côté bon-vivant qui goûte « les fromages de Claque-en-bec », les grands Bordeaux, « l'évangélique cassis de curé » et, au sens propre du terme, la vie de château ; mais aussi l'étendue et la virulence de ses haines, contre les juifs, les libres-penseurs, les protestants (et singulièrement les protestantes alsaciennes !), les étrangers et… les catholiques libéraux. Le thème central est donc politique et la construction en dégage la logique comme les ambiguïtés. Veuillot se voulut du « parti de Dieu » qui était en même temps le « parti de l'Église », le « parti du Pape » (Pie IX, le pape du Syllabus, dont le pontificat coïncida avec sa carrière et dont il se considérait comme « la voix séculière ») et le « parti du peuple ». En pratique, cela commandait la fidélité monolithique d'un « parti catholique ». Il avait un axiome : « l'Église est le bien sans mélange de mal ; la Révolution le mal sans mélange de bien » et un programme : « l'Église catholique pour améliorer, corriger, transformer toutes choses ; l'Église catholique avant les dynasties et les constitutions ; l'Église catholique avant tout… ».
Dans les autres volumes de la collection, les « témoignages » sont généralement demandés à quelqu'un qui a connu le personnage. Ce ne pouvait être le cas ici. Émile Poulat a donc choisi d'articuler le sien en deux temps. Une analyse d'abord du corpus des hommages après la mort de Veuillot, où frappe le « contraste des attitudes entre haut et bas clergé » et qui montre que le journaliste exerça sur celui-ci « une direction de conscience religieuse et politique, véritable magistère laïc » et lui inculqua « une soumission absolue non seulement aux enseignements venus de Rome, mais jusqu'aux simples conseils du Pape » ; cette influence est encore sensible chez des personnalités représentatives du catholicisme « social » comme Albert de Mun, Léon Harmel ou Henri Bazire. Vient ensuite le temps de la « disgrâce » et de l'ingratitude. Pour ramasser en une formule ces pages très denses : « Les catholiques dits libéraux sont ainsi l'expression récurrente d'un problème non résolu dans l'Église - sa place et sa relation au sein de notre société, ‘sortie de Dieu’ - tandis que Veuillot reste le témoin d'une exigence imprescriptible au sein d'une situation anachronique. »


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