REVUE : ÉTUDES, octobre 1998

Entré au journal L'Univers en 1843, Louis Veuillot devint le leader incontesté de la presse catholique conservatrice, jusqu'aux années de maladie qui précédèrent sa mort, en 1883. Cette influence exceptionnelle, particulièrement forte parmi les ecclésiastiques de base, répond à l'habileté quotidienne du journaliste, au génie de l'écrivain, à son manque de scrupules dans les campagnes dirigées contre les adversaires. Pierre Pierrard exprime à juste titre les réserves que soulèvent, du point de vue d'une morale publique, nombre de textes veuillotins. On n'a plus seulement affaire à un système d'intransigeance théorique. La culture catholique se nourrit de violence venimeuse, ce que favorise presque à tout moment l'action de Pie IX. Avec des réussites diverses, les prises de position venant des courants catholiques libéraux se soucient davantage de rigueur morale et de lucidité intellectuelle. S'esquissent ainsi des déplacements (leur complexité est signalée par une réflexion complémentaire, due à Émile Poulat) qui permettront la formation de nouveaux types d'imaginaire catholique et de politique religieuse.