REVUE : REVUE DE SYNTHÈSE 1985, 118-119

Bien que, comme le souligne Jean Greisch, dans la présentation de cet ouvrage, le droit et la philosophie soient investis l'un par l'autre, les philosophes français contemporains n'ont guère manifesté d'intérêt pour le droit, au moins jusqu'à une date très récente. Il faut donc se réjouir de l'initiative de l'Institut catholique de Paris, qui publie un ensemble d'articles sur le droit et la philosophie du droit, dont la plupart ont pour auteurs des enseignants de sa Faculté de philosophie.
Les contributions ont été regroupées en trois rubriques (appelées « directions » dans la présentation et « carrefours centraux » dans la prière d'insérer) : la question des rapports du droit et de la liberté, celle du droit naturel et celle de l'argumentation, l'accent étant mis sur le débat entre formalistes et anti-formalistes. On ne saurait évidemment exiger qu'une telle publication soit homogène quant à son objet ou même quant à ses modes d'approche, mais celle-ci parvient, au moins par moments, à communiquer une impression d'unité. Chacune des rubriques comporte en effet des contributions qui se complètent ou se répondent et si ces rubriques portent sur des thèmes incontestablement très divers, on perçoit néanmoins une préoccupation commune, qui est de mettre en évidence des tensions et de préparer ainsi les controverses nécessaires au mouvement de la pensée.
Ce livre sera donc précieux, pour les jusnaturalistes bien sûr, mais aussi pour leurs adversaires positivistes. D'abord parce qu'une invitation à la controverse ne se refuse pas et ensuite - et surtout - parce que certains des auteurs manifestent leur volonté de fixer les règles et les procédures des controverses, de sorte que, même si toutes les thèses ne sont pas complémentaires ou simplement compatibles, le mode de raisonnement, lui, est parfois voisin de celui qu'emploient certains positivistes du courant analytique et que, dans ces conditions, le débat est possible.