Aujourd'hui, lorsque nous pensons à l'Église d'Orient, nous nous tournons spontanément vers Constantinople, mais jusqu'au VIle siècle, l'Orient, c'était l'Église syrienne, où les moines ont joué un rôle de premier plan. C'est le très grand mérite de Philippe Escolan de nous faire découvrir au fil des pages de son ouvrage passionnant l'originalité de cette Église. Sont mises en valeur la précocité de l'ascétisme, l'influence grandissante des moines sur le plan social et spirituel, leur mainmise sur l'épiscopat. D'où les conflits avec les autorités ecclésiastiques, dont le résultat sera l'effondrement de l'Église établie. Les structures de celle-ci, son autorité, ses sacrements, n'ont, aux yeux de certains moines, qu' une valeur secondaire dans l'obtention du salut ; l'ascèse, le célibat, l'expérience spirituelle, sont présentés comme les premiers moyens pour obtenir le salut. D'où des hérésies comme le messalianisme, auquel Ph. Escolan consacre un chapitre particulièrement éclairant. En reprenant à fond, avec une rigueur méthodologique exemplaire, l'examen des sources disponibles, Ph. Escolan offre une vision nouvelle de l'histoire de l'Église syrienne et du monachisme dans la période des IVe-VIle siècles.