André RAYEZ
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EAN/ISBN : 9782701001319
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Nb de pages : 458 p
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Année : 1966
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39.00 € |
La personnalité d'Adélaïde de Cicé est peu connue.
Ses biographes se passent les uns aux autres quelques détails sur son enfance et son adolescence, puisés dans la vie édifiante écrite - au demeurant avec beaucoup de mérite par l'abbé Carron au lendemain de la mort de sa compatriote.
Les maigres renseignements sur les premiers essais de vie religieuse sont ensuite transmis avec prudence, comme si l'on craignait de s'aventurer sur un sol trop mouvant.
Enfin, la figure d'Adélaïde n'est plus entraperçue qu'en filigrane. A partir de 1787, elle est en effet de plus en plus éclipsée et, si l'on ose dire, dominée, par la personnalité écrasante de Pierre-Joseph de Clorivière.
La réalité semble bien différente, même si l'on n'étudie que la première partie de sa vie, c'est-à-dire de l'adolescence jusqu'à la fondation de la Société des filles de Marie en 1791.
J'ai tenté cet examen, avec quelque appréhension d'abord, puis avec plus d'assurance.
En cherchant à lire correctement les rares documents émanés de la benjamine des Cicé, qui sont parvenus jusqu'à nous, en les confrontant aux réalités sociales, politiques, religieuses dans lesquelles elle se mouvait, on découvre une personne vivante, réagissant aux problèmes de son temps, avec un sens aigu de l'autre et de bouleversantes vues de foi.
Jusqu'à la Révolution, Rennes est le centre où évolue Adélaïde de Cicé. C'est à Rennes qu'elle naît, grandit, se forme, entre en contact avec un milieu aristocratique à la fois jaloux de ses droits et en même temps ouvert aux idées et aux initiatives libérales, avec le monde des communautés religieuses qui renferme des trésors de dévouement inlassable et révèle de désolantes étroitesses, avec une masse de petites gens qui vivent dans la gêne, la pauvreté ou la misère.
C'est à Rennes qu'Adélaïde consume de longues années au service de sa vieille maman, dans un climat de papotages, de démêlés familiaux, de querelles parlementaires, de tension politique.
C'est à Rennes enfin qu'elle essaie de s'intégrer en diverses communautés religieuses, mais en vain. Ce n'est ni entêtement, ni légèreté. Cette insatisfaction répétée est en quête des chemins de Dieu. Qui dénouera cet écheveau et qui discernera l'appel de Dieu ?
La correspondance échangée entre Adélaïde de Cicé et le Père de Clorivière - nous possédons désormais demandes et réponses - est l'un des dossiers les plus complets et les plus précis d'un authentique discernement spirituel.
Grâce à d'anciens documents décapés et à d'autres, nouveaux, on devine mieux la personnalité d'Adélaïde, personnalité humble mais forte, vivante et originale. Typiquement de son temps, elle fait le pont entre une génération qui cherche des remèdes sociaux et religieux « à la petite semaine » et un siècle - des siècles - de renouveau. Son message est simple et clair pour le 19e siècle comme pour le nôtre : adaptez hardiment votre vie chrétienne et votre vie religieuse aux circonstances de temps et de lieu que sont celles où le Seigneur vous fait naître, rayonnez-y par une vie tout entière au service de l'autre, tout entière à la forme de service qu'il attend, dans une abnégation et une pauvreté radicales.
Il était indispensable de faire revivre Adélaïde de Cicé dans le Rennes du 18e siècle, si l'on voulait comprendre quelque peu sa vie, sa mentalité, sa mission. Pour bien en parler, il faudrait être - ou à la rigueur devenir – breton ! Profane, je touche donc à un bien de famille dont je ne connais guère les tenants et aboutissants, les fils et les clés. J'ai à peine soupçonné la richesse des archives et des bibliothèques régionales et locales.
Que les érudits me pardonnent oublis, méprises ou erreurs.
Puisse cet essai être quelque jour repris avec patience et méthode, et la bonne fortune de la découverte. Adélaïde de Cicé et ses pareils le méritent.
Parce qu'ils ont voulu répondre loyalement aux problèmes nouveaux que posait à l'Église le climat révolutionnaire, Adélaïde de Cicé et Pierre de Cio rivière sont devenus, dans la docilité à l'Esprit, les promoteurs de « formes modernes de vie consacrée ».
C'est la genèse de cette « nouveauté » et les vicissitudes de ces origines que je voudrais raconter pour notre temps.
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Liminaire.
1re partie ENFANCE ET ADOLESCENCE
ch. 1 Vie familiale
App. : Acte de baptême
Hôtels Cicé
Château de Cicé
ch. 2 La jeune fille
App. : La paroisse Saint· Aubin
ch. 3 Rennes en ce temps-là
1. Misère et charité
2. Les chrétiens de ce temps-là
App. : Le couvent et le sanctuaire de Bonne-Nouvelle
L' « esprit nouveau »
Bibliographie sur la situation sociale et religieuse
2e partie LA MARCHE A TATONS
ch. 4 Sous la conduite de J.-A. Boursoul, +1774
ch. 5 Visitandine, 1777
ch. 6 « Appartenant aux pauvres… », 1783
ch. 7 « Fille de la Présentation » et « Projet d'une Société pieuse », 1785
3e partie VERS LA LUMIÈRE : ADÉLAIDE DE CICÉ ET CLORIVIÈRE
ch. 8 Discernement de la vocation, 1787
App. : Dinan
ch. 9 « Les desseins de Dieu sur moi », 1787-1788
ch. 10 Servante des pauvres chez les filles de la Croix, 1788-1789
App. : État de fortune d'Ad. de Cicé
Registres des filles de la Croix
ch. 11 En climat révolutionnaire, 1789
ch. 12 « La Société des filles de Marie », 1790-1791
App. : Acte de consécration du 2 février 1791
Épilogue. LA SUPÉRIEURE GÉNÉRALE
Note bibliographique
Index onomastique
Relevé des principaux documents cités
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