N°40 DU TEXTE A LA PAROLE

Il n'y a pas de pensée qui ne soit pensée dans la tradition, de parole qui, par différence, ne s'inscrive dans un déjà-écrit, un déjà-dit. Mais que parole qui tombe en la terre de l'écriture ne s'en relève ainsi pour porter son fruit, ne s'accomplit jamais sans que, moissonneuse et son temps, la lecture ne l'en délivre.
Qe la sorte, pas plus que la musique ne coïncide avec la matérialité de la note, la parole ne se réduit à celle de la lettre qui en porte la trace Pour l'entendre à nouveau, il faut du texte accomplir la lecture. Et voilà que tout commence et recommence, aventure indéfinie où mille fois réitéré, s'ébauche le délicat passage du texte à la parole. La question inévitablement alors se pose: qui parle? Et, en premier lieu », comme on aime souvent à dire : le texte parle-t-il ?
À partir de textes anciens ou récents (Cyprien Augustin, Pascal, Hegel, Heidegger) ou de textes d'Eglise aujourd'hui, six auteurs ont tenté de répondre à cette question qui se trouve au cœur de nos pratiques quotidiennes. Dans le re-jeu de l'écriture réalisé par le déploiement du commentaire surgit la parole, non point sans doute la parole origine mais plutôt la parole histoire issue et dérive de l'autre.
Ainsi la parole advient-elle par écart et différence, et l'histoire, notre histoire, s'annonce-t elle comme aventure du sens.