L’enseignement de spécialité HLP (Humanités, Littérature et Philosophie), est l’une des 12 spécialités née de la réforme du Bac. Le programme est composé de deux semestres à raison de 6h par semaine, chacun centré sur une grande dimension de la culture humaniste. Comment réussir l’épreuve ? Quelles sont les erreurs à éviter ? Jocelyne Sfez et Aude Caillet, co-auteures de l’ouvrage "HLP - Le pouvoir de la parole – De l’antiquité à l’âge classique", nous répondent et vous donnent leurs conseils pour assurer le jour J.

Propos recueillis par Aziza Sellam

JPEG - 7.2 ko
Jocelyne Sfez

Quel est l’objectif de votre ouvrage ?

Pour cette discipline nouvelle, il fallait imaginer un nouveau manuel, à la hauteur de ces enjeux.
Nous l’avons pensé pour qu’il s’adresse aussi bien à l’élève débutant qui a besoin de repères qu’à celui qui, déjà initié, vise l’excellence. Notre manuel prépare au baccalauréat et au-delà, y compris aux cursus universitaires les plus exigeants. C’est pourquoi une grande partie de l’ouvrage est consacrée à la méthodologie et à son exercice (près de 50 pages). Nous nous sommes appuyées précisément sur les pistes de réflexion proposées par les programmes et en diversifiant les possibilités de s’approprier les textes grâce à des repères chronologiques, des parcours thématiques, des parcours autour d’un auteur ou autour d’une œuvre.
Nous avons voulu proposer un cours clair, complété par des « grands angles » et des « focus », qui permettent de mémoriser facilement les connaissances à maîtriser et de favoriser un questionnement méthodique et éclairé des textes proposés le jour de l’examen. Nous avons ainsi voulu fournir les outils permettant à tout élève de travailler en autonomie. La lecture est donc facilitée par une contextualisation historique et problématique qui souligne la convergence des textes des Humanités avec l’histoire des idées et l’histoire des arts.

L’épreuve de HLP est-elle difficile ?

JPEG - 9.6 ko
Aude Caillet

L’épreuve proprement dite de HLP est difficile en raison de ses modalités. Tout d’abord, la gestion du temps est sans conteste la première difficulté : deux exercices, mettant en œuvre deux approches différentes (philosophique ou littéraire), sollicitant des compétences de lecture, d’analyse, de réflexion et de rédaction, d’une heure chacun en Première, de deux heures chacun en classe de terminale… c’est redoutable : il faut s’entraîner beaucoup pour pouvoir mobiliser efficacement connaissances et méthodes le jour de l’examen et, pour les élèves très bons lecteurs, il faut aussi apprendre à renoncer à tout dire. La richesse et la variété du corpus de textes constituent sans doute la deuxième difficulté de l’épreuve : la contextualisation nécessaire des textes et de la pensée des auteurs exige un travail régulier d’acquisition de connaissances d’histoire littéraire et d’histoire de la philosophie. La part de réflexion personnelle peut enfin représenter une dernière difficulté pour certains élèves : il ne faut pas se réfugier dans la récitation du cours, il faut oser affirmer sa pensée mais, pour cela, il est nécessaire de pouvoir s’appuyer sur un savoir bien assimilé, selon le principe d’innutrition cher à Montaigne et aux humanistes de la Renaissance : il faut « faire son miel » à partir du cours et des textes étudiés.

Quels sont vos conseils et méthodes pour bien répondre à la question d’interprétation ?

Les élèves trouveront dans notre ouvrage des indications de méthode et des conseils très détaillés, mais pour résumer, voici les points sur lesquels ils devront être particulièrement vigilants :

- L’analyse approfondie de la question posée et de ses mots-clefs, éclairée par les connaissances acquises au fil de l’année.
- Une approche méthodique du texte qui passe par une première lecture efficace, crayon en main, qui doit permettre de repérer le plan ou la progression du texte afin d’en avoir une vision d’ensemble, suivie d’une lecture linéaire, rapide mais précise afin d’en avoir une vision détaillée.
- La mise en œuvre d’une démonstration, qui passe par l’élaboration d’un plan synthétique, en deux ou trois parties, permettant de répondre à la question posée à partir d’une problématique pertinente. Ce plan sera rendu visible par la disposition de la copie.
- Une écriture manifestant un soin constant apporté à la lisibilité, à la précision et à la cohérence du devoir. Cela passe par une relecture attentive, au fur et à mesure de la rédaction, de chaque paragraphe, voire de chaque phrase, permettant de contrôler la pertinence du propos et sa correction orthographique, syntaxique et lexicale.
- Une bonne gestion du temps, en travaillant montre en main, avec l’idée qu’il faut toujours privilégier la clarté de la démonstration et du propos et que, pour cela, il faut parfois savoir renoncer à tout dire.

Et pour la question de réflexion ?

Les dispositions mentionnées ci-dessus sont requises pour la question de réflexion. Le candidat doit également bien mesurer l’apport du texte imposé le jour de l’examen à la question posée : la question est en effet soulevée par le texte qui sert de point de départ à une réflexion qui va au-delà. Il faut s’appuyer sur l’analyse en reprenant éventuellement le problème abordé, ses enjeux, ainsi que les éléments de réponse, les présupposés qui les fondent dans le texte d’auteur et les conséquences auxquelles ils exposent. Il faut être capable de constater, de s’étonner, d’interroger et d’envisager des alternatives. Il doit aussi penser à confronter la question aux textes étudiés pendant l’année, et aux connaissances acquises dans la cadre du programme. Il est aussi important de construire une argumentation efficace, fondée sur un plan « simple », en pensant à ce que la démonstration suive une trajectoire, montre une dynamique. Et surtout oser le « je » et la pensée personnelle et renoncer à tout dire, mais en pensant bien que ce que l’on dit, il faut le dire bien.

Quelles sont les erreurs à éviter pour le jour de l’épreuve ?

L’épreuve de Terminale est, en son essence, la même que celle de Première. On attend de l’élève de l’élève de Terminale qu’il ait un plus grand exercice des méthodes, qu’il soit capable de plus d’approfondissement et qu’il puisse mobiliser davantage de connaissances. Mais, encore une fois, il ne s’agit pas de tout dire : il faut faire preuve de jugement et toujours veiller à ne mobiliser que les connaissances appropriées. Pour ce faire, l’analyse des questions d’examen est essentielle. C’est une gymnastique de l’esprit, comme il y a une gymnastique du corps. Il faut également structurer l’argumentation en moments logiques, et mobiliser des références et des exemples précis.
Le candidat doit veiller à éviter les erreurs les plus pénalisantes qui sont en premier lieu le hors-sujet dû à une lecture trop hâtive de la question et au manque de rigueur dans l’analyse de mots-clefs.
Il faut éviter de se disperser en faisant une succession de remarques isolées qui ne constituent pas une démonstration construite et efficace. Les autres erreurs à éviter sont : la récitation qui tente de se substituer à la réflexion personnelle ; le bavardage qui tente de remplir le vide laissé par l’absence de connaissances ; ou encore l’incohérence due à l’emploi d’une syntaxe fautive, d’un vocabulaire imprécis, d’une ponctuation mal pensée.

À ne pas manquer

Pour en savoir plus sur les spécialités du Bac les plus adaptées à votre future formation, sur Parcoursup et sur les études supérieures en général, nous vous donnons RDV sur nos salons Studyrama des Études Supérieures organisés à travers toute la France.
Une occasion unique de découvrir les établissements et d’échanger avec les responsables pédagogiques pour leur poser toutes vos questions !

Auriez-vous des astuces pour gagner des points ?

Il n’y a pas vraiment de « trucs » : il faut beaucoup s’entraîner et il faut savoir bien profiter de chaque heure de cours pour « pratiquer » les notions et les méthodes au programme, en tenant compte des conseils prodigués par le professeur, à l’oral comme à l’écrit, toute l’année.
Dans les temps qui précèdent l’épreuve, il convient de relire les cours, les corrigés et les conseils de méthode. Le vocabulaire technique doit être connu et mobilisable, la fréquentation du glossaire de notre ouvrage peut ainsi constituer une aide précieuse. Le jour J, il importe d’arriver reposé à l’épreuve pour solliciter sereinement sa mémoire. Il peut alors être utile de se rappeler que :
- La précision et la rigueur de l’analyse de la question posée doivent apparaître dans l’introduction et au fil du devoir.
- La clarté de la démonstration et des étapes de la réflexion doit s’appuyer sur un plan « simple », rendu bien visible par la disposition de la copie (connecteurs logiques, paragraphes, alinéas)
- La maîtrise des exemples cités se lit dans la capacité à bien les choisir, à bien les situer, et à bien les analyser en fonction de ce que l’on cherche à démontrer.
- Le soin apporté à l’expression écrite et à la présentation de la copie témoigne du respect que l’on doit à ses lecteurs. Tout ce qui peut faciliter la lecture de la copie sera apprécié : écrire avec une encre lisible (encre foncée), souligner les titres des œuvres, aller à la ligne à chaque changement d’idée (alinéa). Dans la mesure où il y a deux exercices demandés, corrigés par deux professeurs différents, il faut penser à rédiger son travail sur deux copies différentes.
Nota Bene : cette année, s’il y a exceptionnellement plusieurs sujets offerts à l’étude, il faudra bien indiquer quel sujet l’on va traiter.

Enfin, il n’est pas inutile de rappeler que la maîtrise du trac, bien naturel un jour d’examen, suppose une préparation solide et régulière, une stratégie bien claire, du sang-froid et, sans doute, comme pour les artistes entrant en scène, le désir de prendre plaisir à cette confrontation avec un sujet, de se mesurer à un texte, une pensée et un auteur pour « frotter et limer sa cervelle contre celle d’autrui », défi que Montaigne nous a appris à relever pour en sortir toujours grandi.